Amélioration des relations sociales

L’ocytocine bénéfique dans l’autisme

Publié le 23/07/2010
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IL A ÉTÉ MONTRÉ que l’ocytocine est une hormone qui agit sur le stress, les émotions et l’aspect social du comportement. L’hormone est libérée en quantité au moment de l’accouchement, elle favoriserait le lien mère enfant.

Une étude américaine a montré que les patients souffrant d’un autisme présentent des taux très bas d’ocytocine dans le sang.

Les troubles autistiques se caractérisent par de grosses difficultés dans les relations sociales. On constate un évitement du contact avec les yeux et le regard, un manque d’interactions avec les autres, un isolement. Les individus ayant un autisme « de haut niveau » ou un syndrome d’Asperger ne peuvent s’engager dans des situations sociales en dépit de capacités intellectuelles préservées.

« Nous nous sommes demandé si en donnant de l’ocytocine on peut améliorer les problèmes sociaux de ces patients », explique le Dr Angela Sirigu (CNRS Lyon, Centre de Neuroscience Cognitive). L’étude a été menée en double aveugle chez 13 sujets présentant un autisme de haut niveau ou un syndrome d’Asperger. Chaque sujet a été son propre témoin contre placebo, prenant une semaine un produit, une semaine l’autre.

L’effet a été étudié dans deux types de situations : un test pour voir comment le sujet regarde les yeux des autres et une tâche d’interaction sociale par un jeu de balles. Les deux types de tâches sont réalisés sur ordinateur.

L’observation du regard.

Tout d’abord, on a présenté des images de visages sur l’écran et on a observé le regard du sujet. Regarde-t-il les yeux du visage et combien de temps ? Ensuite, on a présenté des visages dont les regards étaient dans différentes directions et demandé aux sujets de décrire la position du regard : on les a ainsi obligés à regarder les yeux et on a mesuré le temps passé à cela.

Sous placebo, les regards des sujets de l’étude ont évité les yeux, ils se sont même fixés souvent ailleurs que sur les visages.

Sous ocytocine, dans ces deux expériences, on remarque que les sujets portent plus souvent leur regard vers la région des yeux et s’y arrêtent deux fois plus longtemps. Il y a une amélioration significative du contact avec les yeux sous l’effet de l’ocytocine.

L’interaction sociale lors du jeu de balles virtuel avec des partenaires plus ou moins coopératifs est également améliorée sous ocytocine. Le jeu est présenté de telle manière qu’il permet de tester la capacité du sujet à percevoir le profile émotionnel de l’autre, ce qui est très perturbé chez les autistes.

Pour confirmer l’effet observé de l’ocytocine, des essais cliniques à plus grande échelle doivent être réalisés. Cela se fera sans doute dans le cadre de la Fondation FondaMental.

L’étude a été menée dans le cadre du « Réseau de coopération scientifique en santé mentale » (Fondation FondaMental), créé en 2007 pour mener à bien des recherches en psychiatrie. Des centres experts pour les troubles autistiques ont été créés, pour permettre le diagnostic et la prise en charge de ces maladies insuffisamment reconnues, surtout chez l’adulte.

Elissar Andari, Jean-René Duhamel, Tiziana Zalla, Evelyn Herbrecht, Marion Leboyer et Angela Sirigu, (Centre de Neuroscience Cognitive, CNRS UMR 5229 Lyon et Inserm U 841, Créteil) dans Proc Natl Acad Sci USA, édition en ligne.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8709