LE DIAGNOSTIC est essentiellement clinique. Évoqué devant des signes fonctionnels et généraux apparus récemment (otalgie et ses équivalents chez le nourrisson [pleurs, irritabilité insomnie], fièvre, troubles digestifs [refus d’alimentation, vomissements, diarrhée…]), il repose sur l’otoscopie, examen clé qui permet de distinguer une otite moyenne aiguë avec épanchement rétro-tympanique extériorisé ou non d’une otite séreuse ou d’une otite congestive.
La prise en charge.
Près de 70 % des otites moyennes aiguës de l’enfant évoluent spontanément vers la guérison avec un traitement symptomatique.
Dans l’OMA de l’enfant, le traitement antibiotique n’est plus « systématique ». Selon les recommandations de l’AFSSAPS 2005, la prescription d’antibiotiques n’est pas systématiquement recommandée chez les enfants de plus de 2 ans dont l’OMA est peu fébrile et peu douloureuse à condition de réévaluer l’état de l’enfant sous traitement symptomatique à 48-72 heures.
En revanche, l’antibiothérapie est recommandée d’emblée chez les enfants de moins de 2 ans et chez les enfants de plus de deux ans dont la symptomatologie est bruyante (fièvre élevée, otalgie intense).
En l’absence de prélèvement bactériologique (la paracentèse n’est plus pratiquée dans une OMA isolée non compliquée), ce traitement est probabiliste et basé sur des études épidémiologiques.
Deux germes prédominent dans les OMA de l’enfant : Haemophilus influenzae et Streptococcus pneumoniae, germes qui posent un problème de résistance croissante aux antibiotiques
Près de 35 % de souches d’Haemophilus influenzae des OMA sont résistantes à l’ampicilline par production de bêta-lactamase, jusqu’à 50 % des souches de Streptococcus pneumoniae sont de sensibilité diminuée à la pénicilline.
Le traitement de première intention fait appel à l’association amoxicillne-acide clavulanique ou au cefpodoxime-proxetil ou au céfuroxime-axétil.
En cas d’allergie aux pénicillines et aux céphalosporines, l’association érythromycine sulfafurazole est recommandée chez l’enfant de moins de 6 ans, la pristinamycine chez l’enfant de plus de 6 ans.
La durée de l’antibiothérapie est de 8 à 10 jours chez l’enfant de moins de 2 ans, de 5 jours après cet âge.
L’évolution est le plus souvent favorable avec disparition de la fièvre et de l’otalgie dans les 2 à 3 jours. En cas de persistance des symptômes ou de rechute précoce un contrôle otoscopique est indispensable avec prélèvement bactériologique permettant de guider le traitement en fonction des résultats microbiologiques
Les OMA récidivantes.
Les otites moyennes aiguës récidivantes, définies par la survenue d’au moins 3 épisodes en 6 mois ou de 4 épisodes dans l’année, détériorent la qualité de vie des enfants et celle des parents.
L’interrogatoire permet souvent de repérer un facteur favorisant sur lequel agir, notamment le tabagisme passif, la vie précoce en collectivité, l’usage d’une tétine. L’examen clinique et quelques examens complémentaires vont permettre de retrouver une pathologie sous jacente accessible à un traitement médical ou chirurgical : allergie respiratoire, anémie ferriprive, hypertrophie des végétations adénoïdes, reflux gastro-œsophagien.
Outre l’éviction des facteurs environnementaux (tabagisme, tétine…) le traitement de l’anémie ferriprive par supplémentation martiale, celui d’un reflux gastro-œsophagien par des mesures hygiénodiététiques associé à un traitement médicamenteux, permettent de réduire la fréquence des OMA récidivantes.
L’adénoïdectomie proposée lorsque les OMA récidivantes sont associées à une gêne respiratoire nocturne (ronflement, pauses respiratoires...) réduit de 25 % le nombre d’épisode d’OMA. La pose d’aérateurs tympaniques les supprime totalement.
D’après un entretien avec le Dr Martine François (hôpital Robert-Debré Paris)
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