Les troubles de l'audition restent un sujet de notre actualité médicale aussi bien chez l'adulte (presbyacousie simple ou précurseur d'un Alzheimer), chez l'adolescent (traumatismes sonores exagérés musicaux), que chez l'enfant et le nouveau-né avec le dépistage néonatal systématique. C'est sur ce dernier volet qu'à la suite de l'Article paru ce jeudi 5 avril dans le Quotidien du Médecin (n° 9654) nous souhaitons (...) faire quelques rappels de base.
Les troubles de l'audition sont fréquents dès la période néonatale ; les formes sévères bilatérales (1 / 1 000 Nnés) sont génératrices de troubles graves de l'acquisition et du développement des moyens de communication : audition et langage. Le terme de « surdi-mutité » est d'ailleurs très explicite de la situation, qui nous rappelle que si les outils de l'audition se mettent en place in utero, leur développement postnatal va conditionner l'acquisition du langage : sans audition pas d'apprentissage du langage oral (avec toutefois la possibilité de compenser une partie des déficits grâce à la plasticité cérébrale qui est disponible jusque 18 - 24 mois).
Si la surdité relève d'étiologies variées anténatales : génétiques, malformatives, infectieuses, toxiques et pas obligatoirement héréditaires. D'autre part, des interventions postnatales précoces ont un potentiel délétère qu'il ne faut pas négliger (prématurité, oxygénothérapie, ictère ....) et qu'il faut évaluer soigneusement chez tout Nné.
La surdité néonatale peut aujourd'hui être traitable en utilisant : 1 le résidu d'audition souvent présent, 2 la plasticité cérébrale et 3) des méthodes thérapeutiques parfaitement codifiées (rééducation orthophonique, mise en place d'audioprothèses ou d'implants cochléaires). Mais à trois conditions impératives : un diagnostic de certitude précoce (dans les 3 premiers mois de vie), un organigramme thérapeutique précis, une prise en charge de surveillance fréquente et prolongée.
À cela, il faut ajouter la plus importante, à savoir la participation active des parents (...). Il est capital en effet que, par une information précise, modulée et adaptée, donnée par les spécialistes de l'audition, on les persuade que rien n'est perdu et que nous avons de nombreux cas (sinon la totalité) où des nourrissons sourds profonds ont acquis les outils et l'utilisation des moyens de communication normaux.
Le dépistage néonatal, systématique chez le nouveau-né
En pratique, la réalisation du dépistage néonatal des troubles de l'audition est un acte simple, pratiqué dans toutes les maternités par un personnel infirmier formé et informé qui : 1) prend en charge la partie technique du test (parfaitement anodin, sans prise de sang) et dure une dizaine de minutes, 2) et est capable de donner une information simple aux familles. Si nécessaire à ce niveau, peuvent également intervenir : le pédiatre, la psychologue, l'assistante sociale
Tout test « anormal » doit être refait une fois sur les 2 oreilles et avec les mêmes techniques (OEA ou PEAa)* et au mieux si possible par la technique la plus performante : PEAa. Et il doit être expliqué aux parents de façon claire.
Une suspicion n'est pas un diagnostic de certitude. Un test normal signifie que l'audition est vraisemblablement normale, mais une surveillance de l'audition (et de l'expression du langage) reste de règle car il existe des faux négatifs possibles, et il y a des causes plus tardives de troubles de l'audition non décelables à 3 jours de vie. (...)
Un test anormal, vérifié, place le Nné dans la catégorie « suspect », ce qui implique de mettre en place une consultation spécialisée par une équipe performante (...).
Un diagnostic de certitude doit comporter si possible une recherche étiologique avec notamment la recherche d'une cause génétique qui pourrait se reproduire lors d'une grossesse ultérieure (...).
Un protocole thérapeutique sera proposé aux parents qui seront informés par leur équipe de soin, des différentes étapes successives, et convaincus de l'impérative obligation d'un respect rigoureux des consignes de suivi et de participation.
En conclusion et comme preuve de l'efficacité de ce programme de prévention, nous donnons les principaux résultats de notre expérience dans le Nord-Pas-de-Calais : 351 000 Nnés testés de 2005 à 2016, 324 surdités bilatérales repérées (dont 80 antécédents familiaux, 71malformations associées), 191 appareillés (156 audioprothèses et 35 implants cochléaires). Notre recul de plus d'une décennie pour les enfants de plus de 10 ans nous permet par ailleurs de confirmer l'efficacité de la démarche appliquée.
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