LA DERMATITE ATOPIQUE reste sans surprise l’un des thèmes phares de la dermatopédiatrie, avec plusieurs études intéressantes qui lui sont consacrées.
En Chine et aux États-Unis, de nouvelles données de prévalence viennent d’être communiquées : 10 % pour les enfants, mais pouvant aller jusqu’à 18 % dans certaines régions, ce qui suggère le rôle de facteurs environnementaux liés au mode d’habitat, urbain ou rural. « En Chine, la prévalence de la dermatite atopique est de l’ordre de 8 % à Shanghai (mais elle peut atteindre jusqu’à 10 % dans certaines zones très urbanisées) et il existe un net gradient urbain – rural, la prévalence tombant à 4-5 % en zone rurale », note le Dr Sébastien Barbarot. Par ailleurs, si l’on compare ces chiffres à d’autres précédemment rapportés, il apparaît que la prévalence de la dermatite atopique a fortement augmenté ces dernières années : « c’est simple, elle a doublé en l’espace de dix ans ».
Pourquoi la ville augmente-t-elle les risques d’eczéma atopique ? Bonne question à laquelle les dermatologues ont tenté de répondre. « On a de nouvelles données sur la biodiversité bactérienne à la surface de la peau : il semble que plus cette biodiversité est importante et moins la prévalence de l’eczéma atopique est élevée. À l’inverse, cette biodiversité est très diminuée au moment des poussées d’eczéma ».
Une autre étude épidémiologique, portant sur plus de 50 000 enfants, s’est intéressée à l’idée répandue selon laquelle l’allaitement exclusif pendant quatre mois jouerait un rôle protecteur : il n’a pas été observé de différence entre les bébés nourris au sein et ceux nourris au lait maternisé.
D’autres équipes se sont penchées sur l’effet de certains aliments ou compléments donnés pendant la grossesse. Il en ressort que l’alcool augmente le risque de dermatite atopique chez l’enfant. À l’inverse, la prise de probiotiques en fin de grossesse et pendant le premier mois de vie du bébé, l’abaisse de 20 %. « D’autres études seraient nécessaires pour savoir à quelles femmes les donner. À cet égard, il n’est pas certain que ce soit le plus utile chez les femmes dont le bébé est à risque en raison d’antécédents familiaux, car dans ce cas, la pression génétique est de toute façon très forte », relève le Dr Barbarot.
Dernier point enfin, concernant la dermatite atopique : la corticophobie, qui continue de poser problème. « Elle est très répandue, y compris avec les traitements locaux et elle n’a rien à voir avec la sévérité de la maladie. Or l’adhésion au traitement a un impact sur les résultats et si ces derniers sont mauvais (notamment parce que l’adhésion est mauvaise), cela ne fait qu’accroître la défiance des parents envers ce type de traitement. C’est pourquoi il est très important de déceler une éventuelle corticophobie chez ces derniers et de réfléchir à un programme d’éducation thérapeutique à leur proposer pour lever toute réticence ».
Affections plus rares.
Quelques données intéressantes sur des affections plus rares ont également été rapportées.
Aux États-Unis, il a été décrit dix cas d’hémangiomes associés à des hémorragies digestives graves en raison de localisations digestives. Il s’agissait d’enfants atteints du syndrome PHACE, qui associe malformations de la fosse postérieure, hémangiomes capillaires, anomalies de l’anatomie des artères cérébrales, coarctation de l’aorte et autres malformations cardiaques, et anomalies oculaires.
Par ailleurs, chez trois enfants âgés de quelques mois et traités par sildénafil pour hypertension artérielle pulmonaire, une régression d’un lymphangiome associé a été notée. Il pourrait donc s’agir du premier traitement médical du lymphangiome, en alternative à la sclérose ou à la chirurgie.
En cas de suspicion d’un herpès néonatal, une étude sur plus de mille nouveau-nés a montre que le retard d’une seule journée à l’introduction de l’aciclovir multiplie par trois la mortalité. Les auteurs en concluent que le traitement doit donc être débuté au moindre doute et sans attendre la confirmation de l’infection virale.
Enfin, lors d’infections chroniques à staphylocoques dorés, la décontamination des zones de gîte de la bactérie (nez, ombilic) par mupirocine topique, avec une douche antiseptique pendant cinq jours, est plus efficace si la famille suit le même traitement que l’enfant en termes de nombre de récidives. En revanche, il n’a pas été observé de diminution du portage.
D’après un entretien avec le Dr Sébastien Barbarot, CHU, Nantes.
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