Des bulles
Ce qu’il y a de sûr c’est qu’avant de partir il entendait normalement et maintenant il fait répéter, il faut lui parler très fort pour qu’il entende et il comprend certains mots de travers. Les grands parents prennent immédiatement rendez-vous chez leur médecin.
Jonathan n’a pas de fièvre. Il est enrhumé. Il n’a pas mal lorsqu’on lui touche les pavillons d’oreille et se laisse très facilement examiner. Il n’a pas de bouchon de cérumen. Les tympans ne sont ni rouges, ni opaques, ni bombés. En regardant les tympans avec un système grossissant (loupe) le médecin a la solution du problème (figure) : il voit des bulles derrière le tympan. C’est le signe qu’il y a un épanchement rétro tympanique. Comme les symptômes sont très récents et survenus après un voyage en avion, il s’agit d’une otite barotraumatique.
Otite barotraumatique
Les variations rapides d’altitude, comme c’est le cas en avion lors du décollage et de l’atterrissage, peuvent engendrer une différence de pression entre les deux faces de la membrane tympanique. Lors du décollage, la pression atmosphérique baisse et il y a une petite surpression dans la caisse du tympan qui cède très rapidement car, dès que la différence de pression entre les deux faces du tympan atteint 15 à 20 mm Hg, la trompe d’Eustache s’ouvre de manière passive et laisse passer de l’air vers le cavum. À l’atterrissage c’est l’inverse, et, pour équilibrer les pressions il faut que de l’air soit admis dans l’oreille moyenne. Or cela nécessite une contraction active des muscles péristaphyllins. Un œdème préalable de la muqueuse de la trompe d’Eustache, comme en cas de rhume ou d’infection des voies aériennes supérieures, rend cette ouverture plus difficile. Il apparaît alors une otite barotraumatique. On en distingue cinq stades de gravité croissante, de la simple rougeur du tympan à l’éclatement de celui-ci. L’épanchement rétro tympanique correspond au stade 3. Cet épanchement est très fluide, de type transsudat, alors qu’en cas d’otite séreuse, il est visqueux, de type exsudat.
Le patient a une sensation d’oreille pleine, avec autophonie, il peut avoir des acouphènes, l’otalgie est inconstante ou a disparu lors de la consultation.
Traitement
Le traitement curatif de l’otite barotraumatique.
La perméabilité de la trompe d’Eustache peut être rétablie par des corticoïdes per os et des vasoconstricteurs par voie nasale (attention seul le Rhinofluimucil est autorisé entre 30 mois et 15 ans). Dans les otites barotraumatiques de stade 3, il faut adjoindre des antibiotiques. Dans certains cas rebelles, une paracentèse sera nécessaire pour évacuer, par aspiration, l’épanchement rétro tympanique.
Traitement préventif pour le prochain voyage en avion.
Chez un enfant enrhumé ou qui a tendance à avoir une sensation d’oreille bouchée lors des variations d’altitude, il faut proposer un traitement pour diminuer la congestion nasale et conseiller de déglutir et mastiquer lors du décollage et surtout lors de l’atterrissage (biberon pour les petits, bonbon à sucer ou chewing-gum pour les grands). Si cela ne suffit pas, il faut apprendre à utiliser des manœuvres qui permettent un passage actif d’air du cavum vers la caisse du tympan : manœuvre de Valsalva (inspiration profonde, suivie d’une expiration bouche fermée en pinçant le nez), manœuvre de Toynbee (mouvement de déglutition à vide bouche fermée, en pinçant le nez). Enfin il existe des bouchons d’oreille (taille enfant et taille adulte) qui permettent de retarder l’équilibration des pressions (en vente chez les audioprothésistes, dans les boutiques d’aéroport…).
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