ON SE SOUVIENT que les symptômes de la trisomie 21 sont associés à une triplication du chromosome 21. Or, au moins sept gènes impliqués dans le métabolisme des folates sont localisés sur le chromosome 21. Une surexpression de certains d’entre eux a été associée à un déficit en folates. Par ailleurs, les observations cliniques montrent qu’une carence en acide folique est associée à à de troubles neurologiques, psychiatriques et cognitifs, ces anomalies pouvant être rétablies par l’administration d’acide folique.
« Nous avons réalisé une étude en double aveugle contre placebo dans un centre unique pour tester la leucovorine (acide folinique). Ce produit a été choisi de préférence à l’acide folique car il possède une meilleure biodisponibilité » écrivent les auteurs.
Quatre champs du développement.
Les progrès ont été observés en s’appuyant sur l’échelle psychométrique évaluant l’âge de développement de Brunet-Lezine, depuis l’inclusion jusqu’à la fin du traitement. L’échelle de développement psychomoteur de Brunet-Lezine est un outil facile à utiliser, validé en France dans une population d’enfants normaux. Elle évalue quatre champs du développement : la posture, la coordination, le langage et la sociabilité.
Au total, 117 patients ont été inclus, des bébés âgés de 3 à 30 mois atteints d’une trisomie 21. Une supplémentation en leucovorine de 1 mg/kg/j (ou un placebo) a été administrée pendant 12 mois. Une analyse complète de 87 patients a pu être réalisée.
Les résultats de l’analyse, en intention de traiter, ne montrent pas d’effet positif de la leucovorine.
Toutefois, l’analyse per-protocole (on exclut de l’examen des chiffres les patients qui ne correspondent pas strictement aux critères du protocole) d’un groupe restreint d’enfants examinés par le même psychologue à l’inclusion et à la fin de l’essai serait en faveur d’un effet positif.
Ainsi, après 12 mois de traitement, l’âge de développement des enfants sous leucovorine est significativement supérieur à celui de ceux sous placebo : en un an les enfants sous placebo ont pris 5,5 mois d’âge de développement, alors que ceux sous acide folinique prenaient 6,5 mois, (résultats des tests : âge de développement de 53,1 % des valeurs standards versus 44,4 %, soit un accroissement de 9 %, p =0,031).
Cette analyse per-protocole fait apparaître un cofacteur, le traitement d’une insuffisance thyroïdienne par la thyroxine. Elle montre que les enfants en hypothyroïdie sont ceux qui bénéficient du traitement par leucovorine.
Gagner deux mois d’âge de développement.
Ainsi, au bout d’un an, les 21 jeunes patients recevant de la leucovorine et de la thyroxine semblent gagner deux mois d’âge de développement (âge de 59,5 % chez ceux qui prennent les deux traitements, augmentation de 18 % comparativement au placebo, p=0,041).
Des résultats à prendre avec précaution, car ils concernent un sous groupe particulier, de petite taille et ne préfigurent pas du maintien de l’effet après l’arrêt. Il serait important par ailleurs de connaître l’effet de la leucovorine, associée ou non à la thyroxine, sur une durée prolongée et d’utiliser des échelles d’évaluation internationales comme l’échelle de Griffith.
La relation entre la leucovorine et le traitement par la thyroxine est inattendue, notent les auteurs. L’importance du statut thyroïdien sur le développemental de patients atteints de trisomie 21 est connue. Les auteurs avancent une explication : alors que la thyroxine stimule le développement cognitif, la leucovorine pourrait limiter les inconvénients liés au stress oxydatif.
PLoS, janvier 2010, vol5, n° 1, e8394 (en accès libre sur internet).
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