L’énurésie nocturne est une incontinence, c’est-à-dire une perte d’urine incontrôlable, intermittente et qui survient pendant le sommeil chez un enfant âgé d’au moins 5 ans, en l’absence de trouble diurne.
Elle atteint environ 10 % des enfants de cinq à dix ans. À l’âge de 3 ans 84 % des fillettes et 53 % des garçons ont acquis la propreté diurne et à 6 ans, ces chiffres atteignent respectivement 96 et 94 %. On parle d’incontinence secondaire lorsque l’enfant a déjà été propre durant une période d’au minimum 6 mois, et d'incontinence primaire dans les autres cas. On parle d’énurésie isolée s’il n’existe aucun autre symptôme, en particulier diurne, relevant du bas appareil urinaire.
L’acquisition de la propreté dépend de la maturation du système nerveux central. Elle passe par trois étapes. La première est celle de la vessie infantile ou automatique, la distension pariétale entraînant une contraction réflexe à bas volume. La deuxième étape est celle de l'immaturité vésicale physiologique : l’enfant a conscience de la réplétion vésicale et contrôle le sphincter strié mais il existe une hyperactivité du détrusor, pouvant entraîner des impériosités et une pollakiurie. Enfin la dernière étape est celle de la vessie mature avec une inhibition corticale efficace.
L’énurésie primaire isolée peut avoir deux formes différentes en fonction de sa cause dominante, la polyurie nocturne ou une petite capacité vésicale. L’association à des troubles neuro-psychologiques notamment un déficit d’attention et/ou une hyperactivité est retrouvée dans 10 % des cas environ et doit être systématiquement recherchée.
Des études longitudinales sur l’évolution spontanée de l’énurésie ont montré que l’affection tend à guérir spontanément avec un taux de l’ordre de 15 % par an. Toutefois, l’énurésie nocturne existe chez l’adulte, avec une prévalence de l’ordre de 2 % chez de jeunes adultes de 19 ans en bonne santé par ailleurs.
Un diagnostic clinique
Le diagnostic positif d’énurésie primaire isolée est avant tout clinique. Il est fondé sur l’interrogatoire et l’examen physique. Aucune imagerie ou examen complémentaire n’est nécessaire en première intention. La tenue d’un calendrier mictionnel de 48 heures est le moyen recommandé pour confirmer ou corriger le diagnostic. Elle peut être modérée (moins d’un épisode par semaine), moyenne (1-2 épisodes par semaine) ou sévère (au moins 3 épisodes par semaine).
Une démarche d’information et d’éducation
Les prescriptions hygiéno-diététiques et la tenue d’un calendrier mictionnel permettent de guérir 20 % des enfants : meilleure répartition des apports en eau, privilégier les eaux peu minéralisées, supprimer en fin de journée les boissons sucrées, les boissons gazeuses et les aliments très salés, promouvoir des mictions régulières dans la journée. Il est demandé aux patients de suivre ces conseils pendant au moins 2 semaines et tenir un calendrier des accidents nocturnes.
Les patients motivés et non guéris devraient alors recevoir un traitement spécifique (desmopressine en cas de polyurie nocturne, systèmes d’alarme, oxybutynine en seconde intention en cas de faible capacité vésicale nocturne), voire des traitements combinés.
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