LES « post treatment controlers » (dits patients PTC) sont des patients qui ont été traités très précocement contre le VIH, dès les jours qui ont suivi la primo-infection ; qui ont arrêté leur traitement au bout de 2 ou 3 ans, ce qui n’est pas courant ; et chez qui le virus est quasiment complètement contrôlé : il est indétectable dans le sang, dépistable seulement au niveau des centres lymphoïdes profonds, intégré dans le génome, cela par des techniques de PCR sophistiquées.
Rappelons qu’un traitement antirétroviral a été commencé vers 4 heures de vie chez la petite fille née de mère séropositive, non suivie et non traitée. À cet égard, « les traitements sont commencés très tôt chez tous les enfants infectés en période périnatale », rappelle le Pr Delfraissy. « À 24 heures de vie et souvent dès 12 heures. » La petite américaine a reçu son traitement jusqu’à l’âge de 18 mois, puis il y a eu une interruption (pour des raisons sociales). Lorsqu’elle a été revue à l’âge de 2 ans, les infectiologues ont constaté que la charge virale était indétectable à plusieurs reprises. Seules des techniques particulières ont pu dépister de l’ADN proviral dans le génome, « ce qui rejoint ce qui a été décrit chez les adultes PTC ». « En France, nous avons un recul de deux à trois ans après l’arrêt du traitement. Le recul pour le cas du bébé présenté n’est que d’un an. » Il faut encore attendre pour savoir comment vont évoluer spontanément ses réservoirs du virus. Pour la jeune américaine, il va falloir faire la part entre ce qui tient aux antitroviraux administrés très tôt et/ou à un profil biologique favorable.
Ne pas confondre avec les contrôleurs spontanés
Ces cas sont un peu différents des patients qui n’ont jamais été traités et qui spontanément contrôlent le virus, dits « spontaneous controlers ». L’ANRS suit en France une cohorte de 200 patients, pour décrypter les particularités biologiques de ces patients (profil HLA, réponse immunitaire…).
Parmi eux, on trouve aussi des « elite controlers », des sujets encore plus rares (moins de 0,1 % des patients) chez qui le virus est présent en quantités encore plus faibles au sein des réservoirs.
Les chercheurs s’intéressent de près au thème des réservoirs. On sait que l’extinction des réservoirs du VIH est l’un des buts pour atteindre la guérison. Et les recherches confirment l’avantage de la précocité du traitement.
D’autres recherches ont été présentées à la CROI dans ce domaine, indique le Pr Delfraissy. Une comparaison chez des adolescents (16 ans) qui avaient été infectés en période périnatale, montre que la charge virale mais aussi les réservoirs du virus sont significativement moins importants chez ceux traités dès l’âge de 2 mois (n = 5) comparativement à ceux dont le traitement a débuté plus tard pendant l’enfance (n = 4). On ne détecte plus de virus compétent pour la réplication dans la circulation des 5 premiers et l’ADN proviral est présent en moindre quantité.
Le Pr Jean-François Delfraissy est directeur de l’ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le Sida) et chef du Service de Médecine Interne à l’hôpital de Bicêtre.
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