D’après une superméta-analyse publiée en ligne en janvier 2 014 dans la revue Pediatrics, les traitements chirurgicaux de l’otite séromuqueuse (OSM), adénoïdectomie d’une part, et pose d’aérateurs transtympaniques (ATT ou « yoyos ») d’autre part, n’apporteraient aucun bénéfice au-delà de 24 mois, même par rapport à l’abstention thérapeutique. Ce constat reste valable quel que soit l’aspect clinique considéré, notamment la durée de l’épanchement, les seuils auditifs et leurs séquelles fonctionnelles telles que le niveau de langage, le succès scolaire ou la qualité de vie.
En revanche, le bénéfice à court terme est avéré pour la durée de l’épanchement et l’audition en cas d’adénoïdectomie et pour l’audition seulement en cas d’ATT, au prix d’un risque hémorragique ou de séquelles tympaniques vraiment minimes.
Wallace et coll., qui ont repris l’analyse de la littérature sur le sujet, soit 58 études au total, soulignent cependant le coût de ces procédures, estimé aux États-Unis à 4 milliards de dollars annuels.
« C’est un pavé dans la mare des ORL, souligne le Pr Philippe Contencin (hôpital Necker, Paris). Les recommandations américaines de 2 013 ont abouti aux mêmes conclusions que celles des Français publiées cinq ans plus tôt. D’un côté ou de l’autre de l’Atlantique, il est recommandé de poser des ATT après 3 mois de surveillance si le retentissement auditif est net (d’au moins 30 décibels) ou si des épisodes de surinfections surviennent ».
Ces recommandations sont-elles trop favorables à la pose d’aérateurs ? Les auteurs de Pediatrics, issus de la santé publique, ne déclarent aucun conflit d’intérêts. En revanche, ils soulignent ceux de certains confrères, auteurs des recommandations, qui ont pu faire pencher la balance vers un peu trop d’interventionnisme.
Des conclusions pas nécessairement transposables
« Toutefois, les conclusions d’une méta-analyse ne sont pas applicables partout, reprend le Pr Contencin. Le travail publié dans Pediatrics ne permet pas de connaître toutes les évolutions possibles sans traitement. On peut facilement imaginer que la richesse fréquentielle des langues anglo-saxonnes parlées par les parents compense mieux la perte auditive des enfants que ne le fait la langue française et que les retards de langage puissent y être moins fréquents ». Durant des décennies, les Anglais ont appareillé les enfants souffrant d’OSM pour compenser la perte auditive, puisque la pose de « yoyos » était très restreinte, ce qui n’est plus le cas dorénavant.
Alors en France y a-t-il aussi trop d’aérateurs posés ? Plusieurs groupes de pédiatrie s’en inquiètent à la lecture de Pediatrics et interrogent actuellement les ORL.
Dans un rapport de 2014 soumis au Parlement sur la maîtrise des dépenses de santé, l’Assurance maladie relève que « le nombre d’interventions de la sphère ORL-amygdalectomies, adénoïdectomies et poses d’aérateurs transtympaniques-a diminué de façon importante au cours des 20 dernières années []. Il demeure néanmoins relativement important : 200 000, soit un taux de prévalence de 31,3/10 000 habitants et a tendance à augmenter sur une période récente. Les disparités départementales interrogent sur la pertinence des actes.
En 2012, chiffres de l’ATIH (Agence technique de l’information hospitalière), établissements publics et privés, tous âges, font état de 45 500 poses de yoyos, chiffre probablement en dessous de la réalité ne comptabilisant que les actes réalisés en hospitalisation.
Surgical Treatments for Otitis Media With Effusion: A Systematic Review Wallace, et al. Pediatrics 2014; 133:2 296-311
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