Les virus respiratoires, en particulier les rhinovirus et les virus respiratoires syncytiaux (VRS), constituent des facteurs de risque d’asthme chez l’enfant. Or, les infections sévères au Covid-19 peuvent induire une inflammation importante du bas appareil respiratoire. Partant de là, il est licite de se demander si cette infection vient majorer le risque d’asthme. Il n’en est rien. Une étude américaine, menée sur une vaste cohorte d’enfants infectés par le Covid-19 en 2020-2021, ne met pas en évidence d’élévation du risque d’asthme en post-Covid-19, alors qu’elle retrouve par ailleurs les facteurs de risque traditionnels d’asthme (1). On peut donc raisonnablement en conclure que l’infection au Covid-19 n’est pas génératrice d’asthme infantile.
Une cohorte de plus de 27 000 enfants suivis durant 18 mois après infection
Cette étude rétrospective porte sur 27 423 enfants âgés de 1 à 16 ans, ayant eu un test PCR de dépistage du Covid-19 lors de leur prise en charge par le système de soin de l’hôpital. Les enfants inclus vivaient à Philadelphie entre mars 2020 et février 2021 (avant l’introduction de la vaccination et des tests antigéniques). Tous ces enfants avaient déjà consulté avant le dépistage et tous ont été revus dans les 18 mois après leur test PCR.
Au total, sur les 27 423 participants, 11,5 % (3 147 enfants) ont eu une PCR positive tandis que 88,5 % n’ont pas été infectés. Les enfants infectés ont tendance à être plus âgés, plus souvent de race noire, être affilié à Medicaid, avoir un IMC plus important et un statut socio-économique moins favorable. Ils ont aussi tendance à présenter moins d’allergies alimentaires mais plus de rhinites allergiques que les enfants non infectés.
Parmi tous ces enfants, 573 ont développé un asthme dans les 18 mois. En analyse brute, il y a 1,8 % (57 enfants) d’asthme dans le groupe Covid-19(+) versus 2,1 % (516 enfants) chez les enfants n’ayant pas été infectés. Le Covid-19 ne semble pas franchement associé à plus d’asthme, et l’analyse en multivariée le confirme.
Le Covid-19 ne constitue pas un facteur de risque, en analyse multivariée
En analyse multivariée, le Covid-19 ne sort pas du tout comme facteur de risque de développer un asthme dans les 18 mois (RR = 0,96 [0,73-1,27], NS). Cela est vrai même en analysant les enfants en trois catégories d’âge (1- 4 ans, 5-11 ans, plus de 12 ans).
Quand, dans cette cohorte, le fait d’être de race noire (RR = 1,49 [1,13–1,95]), de souffrir d’allergie alimentaire (RR = 1,26 [1,03–1,55]), de rhinite allergique (RR = 2,30 [1,93–2,74]) majorent significativement le risque de développer un asthme à tout âge. Même si les enfants d’âge plus avancé sont moins à risque que les plus jeunes (enfants de 5-11 ans : RR = 0,27 [0,22-0,34] ; enfants de plus de 12 ans : RR = 0,16 [0,12–0,22].
On retrouve donc dans cette analyse les facteurs de risque traditionnels d’asthme, tandis que l’infection à Covid-19 ne sort pas. Ce qui vient valider l’hypothèse.
Ni asthme, ni altération de la fonction pulmonaire
« Bien que de nombreux virus, surtout les rhinovirus et le VRS, majorent le risque de développer un asthme, le Covid-19 n’est pas un facteur d’asthme dans cette cohorte. Et ce résultat concorde avec ce que l’on a observé en population. En effet, les études épidémiologiques menées en post-Covid n’ont pas mis en évidence de flambée de l’asthme : l’incidence n’a pas évolué avec la pandémie. Par ailleurs, le groupe de recherche sur le Covid long a montré qu’à long terme la fonction pulmonaire n’est pas affectée chez les enfants infectés par le Covid-19, qu’ils aient développé ou pas des symptômes. Bref, bonne nouvelle, ne viennent s’ajouter au Covid-19, chez l’enfant, ni asthme ni altération pulmonaire fonctionnelle », concluent les auteurs.
(1) JP Senter et al. Covid-19 and Asthma Onset in Children. Pediatrics 2024 May 1;153(5):e2023064615
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