« J’ai toujours été très intéressé par les perspectives offertes par les outils de la télémédecine mais, comme beaucoup de pneumologues, j’ai franchi le pas de la téléconsultation à l’occasion de cette crise sanitaire du Covid et du premier confinement, indique le Dr Christophe Zanetti, secrétaire du syndicat national de l’appareil respiratoire. Le fait que les plateformes de téléconsultation soient devenues gratuites durant plusieurs semaines a été un facteur important. Car beaucoup de pneumologues hésitaient jusque-là à prendre un abonnement, sans savoir ce que pouvait représenter ce mode de consultation à distance dans leur activité globale. Là, avec le premier confinement, c’était le seul moyen de continuer consulter. »
La pneumologie n’est évidemment pas la seule spécialité à s’être alors tournée vers la téléconsultation. En l’espace d’un seul mois, entre mars et avril 2020, 5,5 millions de téléconsultations ont été remboursées par l’Assurance-maladie. « De quelques milliers par semaine avant les mesures de confinement début mars 2020, le nombre moyen hebdomadaire de téléconsultations a atteint, au plus fort de la crise sanitaire, près d’un million. À leur niveau le plus haut entre le début et la fin avril, les téléconsultations ont ainsi représenté jusqu’à 27 % en moyenne de l’ensemble des consultations », soulignait en juillet l’Assurance-maladie.
Ce sont les généralistes qui, sans surprise, se sont emparés de cet outil, avec 82,6 % des téléconsultations facturées entre septembre 2019 et avril 2020. On trouve ensuite les psychiatres (6,4 %), les pédiatres (2 %), les gynécologues (1,3 %), les dermatologues (1,1 %) et les endocrinologues (1,1 %). « La téléconsultation ne peut évidemment pas remplacer le présentiel. Le fait de ne pas pouvoir faire d’examens est évidemment une contrainte forte, explique le Dr Zanetti. Pendant le premier confinement, j’ai d’abord utilisé la téléconsultation pour faire des suivis de syndromes d’apnée du sommeil, une activité pour laquelle on utilise déjà largement le télésuivi, avec les appareils de PPC. J’ai aussi fait des téléconsultations de suivi de traitements allergologiques et des consultations pré-thérapeutiques de chimiothérapie. Alors que la téléconsultation est plutôt indiquée pour des patients déjà connus du médecin, il m’est arrivé, durant ce confinement, de recevoir de nouveaux patients. La téléconsultation était alors un moyen de savoir si leur problème présentait, ou non, un caractère d’urgence. Ce premier rendez-vous pouvait aussi permettre de commencer à débrouiller certaines situations et mesurer l’opportunité de fixer ou non une consultation présentielle un peu plus tard. Par exemple, pour les patients souffrant de troubles du sommeil, cela pouvait permettre de savoir s’il valait mieux conseiller une polygraphie à domicile ou une polysomnographie en clinique ou à l’hôpital. »
Une habitude qui perdurera en partie
Après le déconfinement, le Dr Zanetti reconnaît avoir retrouvé avec beaucoup de plaisir ses patients en présentiel. « Mais j’ai quand même gardé quelques petits créneaux dans mon agenda pour continuer à faire quelques téléconsultations, le plus souvent fin de journée, indique-t-il. S’il y a un besoin d’urgent d’un patient qui ne peut pas de déplacer, je cale aussi une téléconsultation entre deux rendez-vous. Le fait que ces consultations à distance soient en moyenne plus courtes que les autres permet de continuer à en faire un peu. »
S’il reconnaît que la crise sanitaire a permis de donner une impulsion forte à la téléconsultation, le Dr Zanetti reste en revanche très réservé sur la télé-expertise. « La tarification est proprement aberrante et ne correspond pas à au travail qu’il faut fournir avant de donner un avis à un correspondant. C’est quelque chose que nous avons toujours fait, gratuitement, avec notre réseau local de médecins traitants. Mais là, la télémédecine n’est pas adaptée car financièrement, on est perdant ».
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