BPCO : les programmes d’éducation/suivi font leur preuve

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Publié le 20/09/2024
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À Hong Kong, un programme mené par des paramédicaux améliore la survie et réduit les recours aux urgences des patients atteints de BPCO, avec pour la première fois des données sur le long terme.

Crédit photo : GARO/PHANIE

On sait qu’une prise en charge pluridisciplinaire est bénéfique chez les patients souffrant de bronchite chronique obstructive (BPCO). Mais les données sont généralement restreintes à quelques centaines de sujets et le recul limité à un an. On connaît bien moins en revanche l’effet éventuel d’une telle stratégie au long cours sur le pronostic et sur le recours aux soins au sein d’une plus vaste population.

Pour y voir plus clair, une vaste analyse a été menée sur une cohorte en population résidant à Hong Kong, en recrutant tous les sujets pris en charge en ambulatoire pour BPCO dans les hôpitaux publics de la péninsule entre 2010 et 2014. Ces sujets volontaires pour participer à un programme pluridisciplinaire ont été appariés par score de propension pour comparaison (1).

Avec sept ans de recul, les données de mortalité et de recours aux consultations ou hospitalisations en urgence mettent en évidence un net recul de la mortalité et une réduction du recours aux soins en urgence chez les patients participant au programme multidisciplinaire, en particulier chez les 60-80 ans fumeurs.

Un programme multidisciplinaire mis en place dès 2009

Depuis 2009, un programme de prise en charge multidisciplinaire des BPCO utilisant des paramédicaux — infirmiers, kinésithérapeutes, etc.- a été mis en place à Hong Kong.

Ce programme, Nurse and allied health clinic respiratory program (NAHCRP), reçoit les patients volontaires présentant une BPCO ou une FEV1/FVC inférieure à 0,7, suivis en ambulatoire adressés par leur médecin généraliste ou leur pneumologue, sauf s’ils souffrent de complications.

Trois types de services sont délivrés : une éducation globale incluant des consultations dédiées au sevrage tabagique plus des conseils d’exercice physique et d’hygiène de vie ; une éducation thérapeutique au repérage des symptômes, à la gestion des traitements, avec un plan de gestion des crises/exacerbations, statut vaccinal, etc. ; un court programme de réhabilitation pulmonaire. Les patients continuaient par ailleurs à être suivis par leur médecin habituel.

Ont été considérés comme participants à ce programme les patients ayant assisté/validé au moins 75 % du programme.

L’analyse porte sur 9 000 patients BPCO, dont 3 000 ayant participé au programme multidisciplinaire, et plus 6 000 patients BPCO appariés (scores de propensité).

Ces sujets ont 70 ans d’âge médian et, parmi eux, 91 % sont des hommes. Soit une cohorte âgée et essentiellement masculine. À l’entrée, près de la moitié fumaient (45 %). Ils devaient néanmoins avoir un risque de mortalité relativement limité (peu de comorbidités).

Réduction des mortalités totale, respiratoire et cardiovasculaire à 7 ans de suivi

À 7 ans de suivi, les mortalités du groupe ayant suivi le programme sont réduites.

Leur mortalité totale est significativement réduite de 15 % (32,1 vs 37,2 % ; RR = 0,84 [0,78-0,90]). La mortalité par pneumonie est elle aussi réduite de 15 % (9,6 vs 11,3 %, RR = 0,85 [0,74-0,94]). Il en est de même plus globalement pour leur mortalité d’origine respiratoire (14,6 vs 16,8 %, RR = 0,86 [0,77-0,96]). S’y ajoute un recul de 25 % de la mortalité cardiovasculaire (3,2 vs 4,3 %, RR = 0,74 [0,59-0,93]).

Néanmoins, le bénéfice en mortalité totale n’est significatif que chez les sujets de 60-79 ans à l’entrée dans la cohorte (RR = 0,82 [0,74-0,90]) et ceux qui étaient fumeurs à l’entrée (RR = 0,75 [0,68-0,84]). Avant 60 ans et après 80 ans, et chez les non-fumeurs, le recul n’est pas significatif.

Les auteurs émettent l’hypothèse que « ce bénéfice pourrait être en grande partie porté par la vaccination contre la grippe et contre le pneumocoque plus le sevrage tabagique. On ne peut pas non plus exclure l’effet d’une possible forte motivation des volontaires à gérer leur santé », ajoutent-ils.

Recul des consultations aux urgences et hospitalisations associées

Les patients ayant participé au programme multidisciplinaire ont par ailleurs moins eu recours aux consultations dans les services d’urgence (RR = 0,92 [0,86-0,98]). Ils ont aussi été moins souvent hospitalisés dans ces services d’urgence (RR = 0,89 [0,83-0,93]). Bref, ce programme a fait ses preuves.

(1) Kailu Wang et al. Outcomes and Hospital Service Use Among Patients With COPD in a Nurse- and Allied Health–Led Clinic. JAMA Health Forum. 2024;5(7):e241575

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr