DÉFINIES COMME UNE GRANULOMATOSE pulmonaire de mécanisme immuno-allergique due à une inhalation chronique d’antigènes le plus souvent organiques, les pneumopathies d’hypersensibilité (PHS) se caractérisent au plan histopathologique par une infiltration lymphocytaire et un granulome péribronchiolaire.
Les PHS connaissent des développements récents, en particulier avec l’implication de nouveaux antigènes, y compris dans des pathologies anciennes comme la maladie du poumon de fermier. En effet, avec l’évolution des pratiques agricoles, de nouveaux antigènes sont mis en cause, ce qui peut poser des problèmes diagnostiques. « Ces antigènes ne sont pas inclus dans les panels diagnostiques classiques, ce qui peut conduire à des faux-négatifs, précise le Pr Jean-Charles Dalphin. Il faut donc désormais avoir recours soit à un panel actualisé, soit à une recherche de précipitines à la carte, après prélèvements dans les zones à risque. En pratique, il faut savoir adresser le sérum à un laboratoire spécialisé ».
Une autre évolution concerne la classification des PHS, dont on reconnaissait depuis une trentaine d’années trois formes –aigüe, subaigüe et chronique- sans tenir compte des données du scanner et des données évolutives. Depuis 2010, seuls deux types de PHS sont proposés. Les PHS de type 1, consécutives à l’exposition à des antigènes de type organique, généralement intermittente à très forte concentration. Les symptômes classiques sont semi-retardés : syndrome pseudogrippal, toux, fièvre, myalgies 4 à 10 heures après l’exposition. L’imagerie est peu perturbée et l’évolution peut se faire vers une maladie obstructive avec parfois de l’emphysème. Les PHS de type 2 font, elles, suite à une exposition continue à plus faible concentration à des antigènes plutôt aviaires. La maladie est volontiers fibrosante et compliquée d’insuffisance respiratoire restrictive.
Autre évolution : la reconnaissance de nouvelles étiologies, en particulier domestiques, qui restent sous diagnostiquées. Les PHS liées aux moisissures, de plus en plus fréquentes du fait d’un excès d’isolation et d’un manque de ventilation, sont favorisées par la richesses en matériaux organiques (parquet, papier peint..) ainsi que par les systèmes de climatisation, d’humidification ou de rafraichissement de l’air.
Les PHS liés aux spas et aux jacuzzis, connues de longue dates dans les bâtiments collectifs se rencontrent de plus en plus souvent chez des particuliers. Aux États-Unis, elles représentent la 2e ou 3e cause de PHS. Elles sont le plus souvent dues à des mycobactéries atypiques qui se développent dans les filtres ou les circuits d’eau, notamment Mycobacterium avium intracellulare. Dans ces PHS, la mycobactérie est quasiment toujours retrouvée dans les bronches. « Enfin, il faut citer une nouvelle étiologie retrouvée dans l’industrie automobile : le poumon des mécaniciens, lié à l’exposition à des mycobactéries atypiques, M immunogenum surtout, qui se développent dans les huiles de coupe. Le défaut de prévention primaire peut conduire à des épidémies accidentelles. La sérologie, mise au point dans le laboratoire du CHU de Besançon, est très performante pour le diagnostic », conclut le Pr Dalphin.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Charles Dalphin, CHU, Besançon.
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