Un guide pratique de la vaccination en pneumologie a été actualisé en 2024, disponible en accès libre sur le site de la SPLF. « Les patients suivis en pneumologie ont, bien souvent, besoin d’être davantage protégés contre les infections respiratoires que le reste de la population ; or ils sont sous-vaccinés, parfois pour de mauvaises raisons : repousser un vaccin en raison d’une exacerbation modeste de la maladie respiratoire chronique n’a pas lieu d’être, par exemple. Il ne faut donc pas hésiter à vacciner un patient non à jour dès lors que l’occasion se présente, y compris s’il consulte pour une exacerbation modeste », insiste le Dr Damien Basille (service de pneumologie, CHU Amiens).
Un traitement antibiotique en cours, lorsque l’infection est contrôlée, n’est pas non plus une contre-indication au vaccin, pas plus qu’une période de convalescence, une exposition récente à une maladie infectieuse (exception faite de la tuberculose) ou des antécédents d’allergie non vaccinale, de maladie neurologique stable, etc.
Il ne faut pas hésiter à réexpliquer l’importance de cette vaccination car certains patients peuvent faire preuve de lassitude ou de méfiance. Il y a aussi une méconnaissance de certains professionnels de santé vis-à-vis des indications de tous ces vaccins, d’autant que ces patients ont souvent de multiples pathologies.
Ce qui est recommandé
Les patients porteurs d’une pathologie respiratoire doivent être vaccinés annuellement contre la grippe – chez les patients âgés de plus de 65 ans, avec le vaccin à haute dose – et contre le Sars-CoV-2 en raison de l’évolution des souches, idéalement entre octobre et novembre, pour être protégés au moment du pic épidémique.
Le vaccin contre le pneumocoque est particulièrement recommandé chez tous les patients BPCO mais aussi chez les asthmatiques sévères, les patients vivant avec un diabète, les insuffisants cardiaques, rénaux ou avec une hépatopathie chronique. « Depuis avril 2024, on est passé au Prévenar 20 (Pfizer), qui a pour principal avantage de reposer sur une injection unique. Il n’y a plus besoin de revacciner ultérieurement car il couvre 20 sérotypes de Streptococcus pneumoniae. Pour les patients déjà vaccinés auparavant, il faut attendre cinq ans par rapport à la précédente vaccination. Ce vaccin est très bien toléré », précise le Dr Basille. Le vaccin VPC21 (Capvaxive, MSD) a aussi obtenu son AMM européenne le 24 mars 2025.
Concernant la coqueluche, il n’y a pas de nouvelle recommandation : le vaccin est à faire chez les enfants, avec un rappel à 25 ans puis à chaque rappel DTPolio. Il est aussi recommandé à chaque grossesse – à partir du 2e trimestre, de préférence entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée – afin que la future mère développe des anticorps dont va bénéficier le futur bébé : de quoi être protégé durant ses trois premiers mois de vie, avant d’être vacciné.
La vaccination contre le VRS est intéressante pour limiter le nombre d’exacerbations des pathologies respiratoires chroniques. Elle repose sur deux nouveaux vaccins : Arexvy (GSK) et Abrysvo (Pfizer), recommandés chez les plus de 75 ans ou chez les plus de 65 ans avec une comorbidité chronique respiratoire ou cardiaque. Abrysvo est également indiqué chez la femme enceinte pour protéger le bébé durant ses six premiers mois de vie. Ces deux vaccins sont disponibles mais pas encore remboursés, or leur coût est élevé (de 200 à 300 €). On manque encore de données sur le rythme de revaccination : les premières études semblent montrer que l’on couvre au moins deux saisons.
Dernier vaccin intéressant à proposer : celui contre le zona chez toutes les populations fragiles, que ce soit du fait de leur âge, de leur insuffisance respiratoire ou en raison d’une immunodépression : le Shingrix (GSK) repose sur deux injections à deux mois d’intervalle (ramené à un mois en cas de besoin d’une immunisation rapide, par exemple avant un traitement immunodépresseur) et sans besoin de rappel.
Avec quelles précautions ?
Il n’y a pas de contre-indication formelle à ces vaccinations, réalisées à partir d’éléments inertes (qui ne causent donc aucun risque de développer la pathologie). Il y a peu de problèmes d’allergies : les réactions allergiques graves – un choc anaphylactique dans les six heures qui suivent un vaccin – sont rares. En cas d’allergie majeure à l’œuf, le patient doit être adressé au préalable à un allergologue.
Enfin, il est possible de faire plusieurs vaccins lors d’une même consultation : en général, un sur chaque bras, ou sur un même bras mais à plusieurs centimètres de distance ; et, bien sûr, sans mélanger les vaccins. Médecins traitants, infirmiers et pharmaciens peuvent vacciner : il faut toujours que cela soit noté, pour éviter les oublis et les confusions.
Entretien avec le Dr Damien Basille (service de pneumologie, CHU Amiens)

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