Nous passons une majeure partie de notre temps dans des espaces intérieurs (logement, travail, école, etc.). La pollution de l’air intérieur est en partie liée aux polluants provenant de l’extérieur, mais aussi à des pollutions spécifiques, dépendant des caractéristiques du bâtiment (humidité, ventilation, matériaux, chauffage, etc.) et des activités des occupants (cuisine, nettoyage, etc.). Outre la présence de moisissures, facteur de risque d’asthme établi chez l’enfant (1), les émissions de produits chimiques sont des déterminants importants de la qualité de l’air intérieur. Leur effet sur la santé respiratoire, notamment l’asthme, a fait l’objet de nombreuses recherches dans les dernières décennies (2).
Des résultats hétérogènes
La plupart des études portent sur les composés organiques volatils (COV), produits par l’évaporation de produits chimiques présents dans les matériaux de construction, les meubles, les peintures, ou l’usage de produits (nettoyage, désodorisants). Malgré une accumulation de données suggérant un rôle des COV dans l’asthme, les résultats restent hétérogènes, les études épidémiologiques étant limitées dans l’évaluation des expositions, souvent faite sur de courtes périodes. Une métaanalyse sur le formaldéhyde, l’un des COV les plus étudiés, a montré qu’une augmentation de 10 μg/m3 dans l’exposition était associée à un risque d’asthme accru de 10 % chez les enfants et de 33 % chez les adultes. En dehors de ce composé, il reste difficile à l’heure actuelle de conclure sur les classes de COV qui posent le plus de risque pour la santé respiratoire.
Plus récemment, des études se sont intéressées à l’impact des composés organiques semi-volatils (COSV) sur la santé respiratoire. Les COSV, mesurés dans les poussières, proviennent de l’utilisation de pesticides et cosmétiques, mais aussi des vêtements, meubles ou appareils électroniques. Les études ont principalement porté sur l’exposition aux phtalates ou d’autres composés utilisés comme plastifiants ou retardateurs de flammes. Elles ont suggéré un risque accru d’asthme chez les enfants, en lien avec l’exposition à certains composés, mais avec des résultats hétérogènes, suggérant que les recherches doivent être approfondies.
Enfin, un important facteur de risque modifiable de l’asthme lié à l’environnement intérieur est l’utilisation de produits de nettoyages et de désinfection (PND). Un grand nombre d’études épidémiologiques concordent à montrer que l’exposition aux PND à domicile dégrade la santé respiratoire, tant des enfants (symptômes de sifflements) que des adultes (asthme, mauvais contrôle de l’asthme). L’utilisation fréquente de produits sous forme de sprays, ou de produits irritants (comme l’eau de javel), est particulièrement incriminée.
Les études sur l’utilisation de produits « verts » restent rares et ne permettent pas à l’heure actuelle de conclure sur un éventuel effet moins nocif que les produits traditionnels.
Université Paris-Saclay, UVSQ, Univ. Paris-Sud, Inserm, Équipe d’Épidémiologie Respiratoire Intégrative, CESP, Villejuif (1) Caillaud D et al. Eur Respir Rev. 2018;27(148):170137 (2) Casas L et al. Asthma in the 21st Century, Academic Press, 2023:135-50
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