Dans les études cliniques princeps de phase III, le reslizumab (anti-IL5) a montré son activité sur les exacerbations, permettant une épargne en corticoïdes oraux, quand il était pris en plus des autres traitements chez des asthmatiques souffrant d’un asthme à éosinophiles sévère. Qu’en est-il dans la « vraie vie » ? C’est ce qu’explore cette étude hollandaise (1), avec des résultats très encourageants puisque, non seulement, la molécule s’est montrée efficace chez des patients naïfs de biothérapie, mais elle a aussi amélioré nombre d’asthmatiques sévères, en échec sous d’autres biothérapies du même type (de type 2).
134 asthmes sévères dont 56 en switch après échec
L’analyse porte sur 134 asthmatiques sévères mis pour la première fois sous reslizumab, entre janvier 2017 et avril 2020. Parmi eux, 56 n’ont jamais été mis sous biothérapie de type 2, 78 ont switché d’une autre biothérapie vers le reslizumab.
Tous font partie du registre hollandais Rapsodi, et ont été suivis au moins 6 mois. Ils ont 53 [21-83] ans d’âge moyen. Près de la moitié sont des femmes. Plus des deux tiers (70 %) ont déclenché leur asthme à l’âge adulte (71 %). Plus de 40 % sont d’anciens fumeurs.
Tous présentent un asthme sévère, traités pour 96 % par bêta-2 à longue durée d’action, pour 40 % par muscarinique à longue durée d’action, et pour 17 % par antileucotriènes.
À l’inclusion, 75 % sont mal contrôlés (ACQ ≥ 1,5). Leur taux moyen d’éosinophiles est de 300 [100-575] cellules/microlitre. Près de la moitié ont des IgE spécifiques (52 %). Leur taux annuel d’exacerbations est assez important : plus de 5 par an pour 21 %, de 2 à 5 pour 39 %. Plus de la moitié sont sous corticoïdes oraux (58 %) à posologie médiane de 10 [5-15] mg/j. Enfin, neuf sur dix présentent une comorbidité (38 % une sinusite chronique, 28 % une polypose nasale, etc.).
Moins 90 % d’exacerbations avec recul des corticoïdes
Au terme d’un suivi médian de 12 mois, grevé de 6 % de perdus de vue, le traitement par reslizumab s’accompagne d’une baisse de 90 % de la fréquence des exacerbations (RR = 0,1 [0,05-0,21]). Il y a de plus un net recul du recours aux corticoïdes oraux (40 vs. 58 %). Dans le sous-groupe naïf de toute biothérapie de type 2, la proportion de patients sous corticoïdes oraux en traitement de fond a reculé de 48 à 35 %. Dans le sous-groupe en switch, il a reculé de 65 % à 43 %.
Côté symptomatologie, les patients comme les pneumologues sont satisfaits. Près de 70 % des patients naïfs ont bien ou très bien répondu, seuls 10 % ne se sont pas du tout améliorés. Et, parmi ceux en switch, on est à 52 % de bonne ou très bonne réponse, contre 16 % de non répondeurs.
En résumé, le reslizumab dans la vraie vie, ça marche. Et on n’a pas observé pas d’effets secondaires inattendus ou plus fréquents.
Ces résultats convergent avec ceux de deux autres études en vraie vie, une étude de suivi de deux ans, menée sur 26 patients et une étude américaine de suivi après initiation, menée sur 215 patients. Pour les auteurs, « ce corps de données suggère que, non seulement, le reslizumab est efficace et a priori sûr, mais aussi, au vu de la cohorte de sujets en switch, qu’il faut peut-être y penser, le proposer à des sujets n’ayant pas, ou mal, répondu à une précédente biothérapie du même type. » « Sachant, précisent-ils, que seules des études cliniques en face-à-face, qui font défaut, peuvent permettre d’apprécier les efficacités de diverses molécules de la même classe thérapeutique. »
(1) Hashimoto S et al. Real-World effectiveness of reslizumab in patients with severe eosinophilic asthma in first initiators and switchers. J Allergy Clin Immunol Pract. 2022
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