Une étude coréenne fondée sur la cohorte Corea (Cohort for reality and evolution of adult asthma in Korea) s’est penchée sur les facteurs pronostiques de réponse au tiotropium, muscarinique de longue durée d’action indiqué en addition dans l’asthme sévère. Ce travail montre qu’être répondeur aux bronchodilatateurs, présenter un syndrome de chevauchement asthme-BPCO (Acos) et avoir une maladie insuffisamment contrôlée (ACT > 20) constituent des facteurs prédictifs indépendants de réponse (1).
Sujets plus âgés, plus souvent masculins avec un asthme tardif
Corea est une cohorte multicentrique, initiée en 2005, rassemblant des asthmatiques recrutés dans 39 centres tertiaires de référence de traitement de l’asthme. Parmi eux, les auteurs ont retenu les asthmatiques de plus de 18 ans sous bêta-2 mimétiques plus corticoïdes inhalés, ayant eu au moins deux évaluations consécutives espacées de trois mois de leur fonction pulmonaire. Les sujets qui recevaient un autre anti-muscarinique que le tiotropium ont été exclus.
L’analyse porte sur 2 169 patients, dont 413 sous tiotropium.
Première observation : les patients sous tiotropium sont significativement plus âgés (59 vs. 50 ans en moyenne), de sexe masculin (63 vs. 43 %) et souffrent d’un asthme plus fréquemment d’apparition tardive (après 40 ans : 72 % vs. 43 %). Ils ont aussi un volume expiré maximal en 1 seconde (VEMS) et un rapport VEMS/CVF (capacité vitale forcée) plus faibles — VEMS : 63 vs. 82 % ; VEMS/CVF : 60 vs. 73 % . Ils ont plus d’exacerbations (1 vs. 0,7/an). En bref, sans surprise, leur asthme est plus sévère.
Profil de répondeurs
La réponse au tiotropium est définie par une augmentation du VEMS de plus de 10 %, ou 100 ml, ou une augmentation du score de contrôle de l’asthme (score ACT) d’au moins 3 points à 3 mois :
En termes de VEMS (+10 % ou + 100 ml) après au moins 3 mois de tiotropium, on a 133 répondeurs et 82 non-répondeurs. Ces répondeurs sont significativement plus jeunes (57 ± 14 ans vs. 61 ± 12 ans) et plus souvent répondeurs aux bronchodilatateurs (38 vs. 6 %).
En termes de contrôle de la maladie (+ 3 au score ACT), toujours à au moins 3 mois de tiotropium, on a 43 répondeurs et 153 non-répondeurs. Les répondeurs avaient un score de contrôle (ACT) initial plus bas (15 vs. 22).
En analyse multivariée :
— La réponse aux bronchodilatateurs est le seul facteur prédictif de réponse au tiotropium en termes de VEMS (RRa = 6,8 [1,6–47]).
— Avoir un syndrome de chevauchement asthme-BPCO (Acos) est un facteur prédictif de réponse en termes d’amélioration symptomatique (RRa = 12,6 [1,8–161])
— Avoir un score ACT initial bas (< 20) est le second facteur prédictif de réponse en termes d’amélioration symptomatique (RRa = 24,1 [5,5–159])
Cibler les patients potentiellement bons répondeurs
« En pratique, ce travail rétrospectif plaide ajouter le tiotropium de préférence chez les asthmatiques insuffisamment contrôlés présentant en outre une bonne réponse aux bronchodilatateurs ou un syndrome de chevauchement, dans une approche personnalisée du traitement, concluent les auteurs. Même si, à l’avenir, des recherches plus avancées sur le profil des répondeurs sont souhaitables. »
(1) JS Shim et al. Clinical predictors of treatment response to tiotropium add-on therapy in adult asthmatic patients: From multicenter real-world cohort data in Korea. World Allergy Organization Journal (2022) 15:100720
doi.org/10.1016/j.waojou.2022.100720
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