La moitié des personnes ayant connu des problèmes de santé mentale ont rencontré au moins une fois un problème d'accès aux soins, selon un sondage Ipsos publié ce 25 mars 2025 par la Fédération des hôpitaux publics (FHF) et réalisé fin février auprès d’un échantillon de 1 500 adultes représentatif de la population française.
Quelque 23 % des répondants (337) déclarent avoir été concernés par un problème de santé mentale, une proportion montant à 34 % chez les moins de 35 ans, et à 29 % pour les femmes.
Seulement 1 patient sur 5 suivi par un psychiatre
Parmi eux, 52 % déclarent avoir eu au moins une difficulté pour accéder à des soins : une impossibilité à avoir un rendez-vous avec un psychiatre (pour 41 % des personnes souffrant d’un problème de santé mentale), des délais trop longs pour consulter un psy (47 %), une rupture dans le suivi médical (36 %), un manque de communication entre la ville et l’hôpital (34 %)… Par conséquent, seulement sept personnes sur dix avec un trouble psy sont suivies, dans la majorité des cas, par un généraliste (57 %). Seulement 22 % sont pris en charge par un psychiatre et 14 % par un centre médico-psychologique (CMP).
Par ailleurs, parmi ces patients psychiatriques, 35 % déclarent avoir eu des difficultés relatives à leur traitement, qu'il s'agisse d’obtenir un renouvellement en temps voulu ou des médicaments en rupture de stock.
« L'accès aux soins en santé mentale reste très dégradé », commente auprès de l'AFP le président de la FHF, Arnaud Robinet, également maire (Horizons) de Reims. « En psychiatrie plus qu'ailleurs, les services sont saturés. Les centres médico-psychologiques (publics) sont souvent sur liste d'attente et les généralistes sont débordés », a-t-il souligné. Sur le terrain, selon l'élu, « beaucoup de maires sont confrontés à ces situations de personnes souffrant de troubles mentaux ou psychiatriques qui décompensent faute de suivi de leur traitement », avec « toute une série de conséquences » concernant la cohabitation avec des voisins ou la population en général.
Des besoins en soins psys plus importants que prévu
D'autres chiffres publiés par la FHF montrent une hausse nettement plus forte qu'attendue de la consommation de soins chez les enfants et les jeunes. En 2024, les 5-19 ans présentent ainsi un recours aux services psychiatriques hospitaliers supérieur de 32 % à celui qui était attendu (compte tenu des tendances antérieures).
Pour les prises en charge de la dépendance (addictions et alcoolisme), les adolescents et jeunes adultes présentent en 2024 des niveaux d'hospitalisation de 62 % supérieurs aux attendus pour les 10-15 ans, de 17 % pour les 15-20 ans et de 13 % pour les 20-30 ans, selon les chiffres de la FHF.
Ces indicateurs de dégradation de la santé mentale de la jeunesse ont « sans doute à voir avec le choc du Covid et des confinements successifs, dont on sait bien qu'il a été très marquant pour beaucoup de jeunes enfants et d'adolescents », selon Arnaud Robinet. « Mais une autre hypothèse, étayée par notre sondage, est que la hausse du recours à l'hôpital résulte de difficultés d'accès aux soins en amont », en médecine de ville, avance le responsable.
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