Ce nouveau taux s’inscrit dans la droit fil de l’avis de réévaluation des benzodiazépines hypnotiques et produits apparentés émis en juin 2014 par la Commission de la transparence (CT) de la Haute Autorité de santé (HAS). Son constat précisait : « Face à l’effet faible des benzodiazépines sur le sommeil et dans la continuité des actions menées par la HAS, la CT a positionné au plus bas niveau d’intérêt les benzodiazépines hypnotiques et produits apparentés », précisant que cela s’expliquait par « la faible efficacité de ces médicaments sur la durée du sommeil, leurs effets délétères et le mésusage constaté ».
La HAS, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Direction générale de la santé (DGS) se sont engagées depuis 2012 dans un plan d’action concerté et ont lancé des signaux d’alarme afin de promouvoir une réduction de cette consommation en France.
En 2012 et 2013, un état des lieux sur la consommation des benzodiazépines effectué par l’ANSM montrait une prévalence d’exposition aux benzodiazépines stable entre 2007 et 2012. Cette dernière était estimée à 11 % de la population affiliée au régime général pour les benzodiazépines anxiolytiques et 6,5 % pour les benzodiazépines hypnotiques ou molécules apparentées.
Les membres de la commission rappellent les effets indésirables bien connus de ces molécules, et notamment les troubles de la mémoire, la baisse de la vigilance, les troubles du comportement et le risque accru de chutes, en particulier chez le patient âgé.
La CT recommande en outre une prescription de la plus faible dose et pour la plus courte période possible, en seconde intention, après échec des thérapies cognitivo-comportementales. La HAS estime de plus qu’il ne faut pas renouveler « systématiquement » les prescriptions de benzodiazépine. La durée de prescription est actuellement limitée à quatre semaines, mais il arrive que la consommation s’étende sur plusieurs mois, voire plusieurs années. « Or, au-delà de 28 jours, l’efficacité est incertaine, les risques d’effets délétères augmentent ainsi que celui de dépendance, » note la Commission.
La HAS recommande enfin « une meilleure information du public ». La CT souhaite également que l’on développe « l’usage et l’accès aux prises en charge non médicamenteuses », et notamment les thérapies cognitivo-comportementales.
L’avis du collège de la médecine générale et de MG France.
Pour MG France, « les catégories socioprofessionnelles les plus vulnérables sont les plus touchées par les troubles anxieux, ce n’est pas juste de leur faire payer plus cher leurs médicaments ». Le constat de forte consommation des benzodiazépines en France demeure toutefois, le Président du syndicat précisant que concernant « l’ensemble des troubles anxieux, de l’insomnie et de la dépression », les prévalences sont supérieures à celles des autres pays européens. »
Pour M-H. Certain, secrétaire générale du Collège de la médecine générale, il y a également effectivement surconsommation et mésusage des psychotropes en général, dont les benzodiazépines, « mais il y a aussi de très bonnes indications totalement justifiées. Cette mesure de déremboursement est une fausse bonne mesure, qui tient plus de l’affichage que d’une quelconque efficacité. Elle reporte sur les régimes complémentaires la prise en charge de ces traitements, parfois nécessaires du fait d’une situation pathologique et/ou sociale. » Elle estime également que cette mesure risque d’être contournée par les patients en situation de dépendance.
Pour le service Évaluation des médicaments à la HAS, « les patients sous benzodiazépine ne nécessitent pas tous une thérapie cognitivo-comportementale qui n’est pas du ressort du médecin généraliste, mais ils peuvent amener les patients à se rendre compte que leurs plaintes ne sont pas forcément liées à l’insomnie et que la réponse à cette plainte n’est pas forcément le médicament. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024