Les violentes attaques du Hamas en Israël et l’intense guerre qu’elles ont entraînée soumettent les populations israéliennes et palestiniennes à des traumatismes. Afin de leur apporter une première aide psychologique, la fondation FondaMental a mis en ligne la plateforme PeaceOfMinds.info proposant des outils en hébreu, arabe, anglais et français « pour comprendre, accompagner et prévenir les troubles mentaux déclenchés par les expériences traumatiques ».
« Nous n’avons pas le pouvoir de changer la guerre et le monde, mais il y a des gens qui s’attachent à le réparer. C'est l'objet de la plateforme PeaceofMinds.info », commente la journaliste Anne Sinclair, marraine de la plateforme.
Ce n’est pas la première initiative du genre menée par FondaMental. La fondation a déjà lancé des outils numériques pour faciliter l’accès aux soins : Covid Écoute en 2020, Écoute Étudiants en 2021, Post Covid NeuroPsy en 2022 et Écoute Psy Ukraine en 2023. Dans la même logique que pour la plateforme dédiée aux Ukrainiens, PeaceOfMinds.info a été initiée pour « atténuer et prendre en charge les conséquences psychologiques » de la guerre, a expliqué la Pr Marion Leboyer, directrice générale de FondaMental, lors d’une conférence de presse.
Prévenir l'installation des troubles
Des troubles psychologiques peuvent naître de l’exposition à des situations traumatiques : troubles anxieux et/ou dépressifs, hyperactivité (hypervigilance, troubles du sommeil, etc.), intrusion (flashbacks, cauchemars, etc.), pensées perturbées (culpabilité, honte, détachement, etc.) ou encore évitement. « L’exposition peut être directe, mais aussi indirecte via des images, des récits et leur répétition », souligne la Pr Coraline Hingray du CHRU de Nancy, spécialiste du stress post-traumatique, qui a participé à l’élaboration du contenu de la plateforme.
Face à ces manifestations, la plateforme apporte une aide psychologique avec un riche corpus de documentation pour prévenir l’installation de troubles, pour comprendre ce qui est ressenti, s’auto-évaluer, gérer ses symptômes, etc.
L’enjeu est d’abord de mettre à disposition des outils de « self help », précise la Pr Hingray, pour « satisfaire le besoin de comprendre et de redevenir acteur (pour soi et ses proches) ». Il s’agit, poursuit-elle, de « retrouver une capacité d’agir contre un sentiment d’impuissance extrêmement traumatisant ».
Le défi est aussi d’agir précocement pour éviter « que les troubles ne se chronicisent », ajoute la psychiatre. Des exercices sont proposés : des thérapies comportementales et cognitives, des exercices de respiration, des méthodes de pensées alternatives… La plateforme a vocation à être enrichie par d’autres contenus. À terme, l’ambition est de lister des ressources locales pour mettre en place des consultations, souligne la Pr Leboyer.
Des réactions universelles face aux traumatismes
Pour l’heure, en Israël, malgré les moyens disponibles sur place, « les structures sont débordées », témoigne Ofer Bronchtein, chargé de mission par Emmanuel Macron pour le rapprochement entre Israéliens et Palestiniens. À Gaza, « c’est une catastrophe ». Les besoins sont pourtant tout aussi importants. « Les réactions face aux traumatismes sont universelles, tout comme les symptômes », rappelle la Pr Hingray, même « si certaines spécificités peuvent appeler à des ajustements pour la prise en charge ».
Dans la mesure où « il peut y avoir des réticences à consulter dans le monde musulman », les ressources proposées pour agir soi-même « sont une étape importante », juge la psychiatre. Et Ofer Bronchtein émet un vœu : que cette plateforme soit « utile dans d’autres pays arabes ». Les populations en Syrie, en Irak ou en Libye, elles aussi confrontées aux violences de la guerre et à ses traumatismes, « n’ont pas l’habitude de solliciter une aide psychologique. La plateforme pourrait leur être utile », espère-t-il.
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