LA MALADIE BIPOLAIRE, autrefois appelée psychose maniaco-dépressive, est un trouble récurrent de l’humeur, caractérisé par la survenue répétée d’épisodes dépressifs et d’expansion de l’humeur, manie ou hypomanie, entrecoupée d’intervalles libres de durée variable. Il s’agit d’une pathologie fréquente dont la prévalence vie entière dans la population générale est estimée à environ 1 à 2 %.
Le diagnostic de la maladie est habituellement tardif. Il se passe en moyenne 8 à 10 ans entre le début des troubles et le moment où un diagnostic correct est posé ce qui n’est pas sans conséquence : la mortalité est 2,5 fois plus élevée que dans la population générale et 19 % de patients non traités décèdent par suicide.
De plus, le risque de désinsertion familiale, sociale et professionnelle augmente avec le retard de prise en charge.
Le DSMIV distingue trois types de troubles bipolaires :
- les troubles bipolaires de type I caractérisés par la survenue d’au moins un ou plusieurs épisodes maniaque ou mixte habituellement accompagnés d’un épisode dépressif au cours de la vie ;
- les troubles bipolaires de type II caractérisés par la survenue d’un ou plusieurs dépressifs majeurs et d’au moins un épisode d’hypomanie ;
- des troubles bipolaires non spécifiés.
Des formes à cycle rapide, subsyndromiques et caractéropathiques sont également décrites et entrent dans le spectre de cette pathologie.
Affections comorbides.
La prévalence à vie d’autres affections psychiatriques et physiques est élevée chez les patients atteints de troubles bipolaires. Ces affections comorbides peuvent entraver le traitement et la prise en charge de la maladie. Une des plus fréquentes est l’abus de substances psychoactives.
Deux études épidémiologiques américaines, l’étude nationale sur la comorbidité (National comorbidity Study) et « l’Epidemiologic catchment Area » (CEA) retrouvent des liens entre la dépendance à l’alcool et/ou aux drogues et la manie ou le trouble bipolaire de type 1.
L’étude CELA avait signalé, au cours des années 1990, une prévalence sur la vie entière de 60,7 % d’abus ou de dépendance aux substances chez les patients atteints de trouble bipolaire de type 1. Les substances les plus souvent consommées sont par ordre de décroissance : l’alcool, le cannabis, la cocaïne et les amphétamines.
Une analyse de l’étude CEA a révélé que ce sont les populations présentant un trouble bipolaire de type I et un trouble bipolaire de type II qui avaient le risque le plus élevé d’alcoolisme avec respectivement des prévalences sur la vie entière de 46,2 % et 39,8 %, alors qu’elle était de 13,8 % pour la population générale.
La plupart des études confirment l’importance de la comorbidité alcoolique, au cannabis et la cocaïne chez les patients bipolaires et les conséquences de cette comorbidité sur les modifications de l’expression clinique, de l’évolution et du traitement de la maladie bipolaire .
Chez les patients à double diagnostic, on observe un nombre accru de rechutes, d’hospitalisation (essentiellement pour des épisodes de manie), des taux plus élevés de manie dysphorique, de cycles rapides, de suicide, de non adhésion au traitement, un recours plus fréquent au système de soins et en général une moindre réponse au traitement marquée par un temps plus long pour obtenir la rémission clinique.
Le diagnostic différentiel entre trouble bipolaire et un trouble de l’humeur induit par une substance n’est pas facile.
Les patients qui ont des conduites addictives présentent souvent des symptômes dépressifs (humeur dépressive, dévaloriqation, anhédonie, modification de l`appétit, troubles du sommeil, gestes suicidaires souvent impulsifs). Les substances engendrent des troubles thymiques spécifiques. L’intoxication à la cocaïne a des effets qui pourrait en imposer pour un état maniaque (mégalomanie, réduction du sommeil, logorrhée…), l’alcool donne dans un premier temps un état de surexcitation et d’euphorie, puis une sédation qui pourrait également évoquer un épisode hypomaniaque.
Les liens entre abus de substances et troubles bipolaires sont plus marqués en cas de manie qu’en cas de dépression. La comorbidité trouble bipolaire/abus de substances est particulièrement fréquente chez les patients qui consomment des substances stimulantes, notamment la cocaïne. La consommation excessive d’alcool se retrouve également de façon préférentielle pendant les épisodes maniaques.
Le diagnostic de bipolarité est sous estimé en addictologie. Certains signes d’appel peuvent être évocateurs :
- existence d’épisodes d’hypomanies même brefs, notamment les épisodes déclenchés par un antidépresseur,
- début des épisodes dépressifs récurrents avant l’âge de 25 ans,
- présence d’antécédents personnels de tentative de suicide et/ou d’antécédents familiaux de troubles bipolaires ou de suicides,
- réponse atypique à un traitement antidépresseur, en particulier une aggravation des symptômes, l’apparition d’une agitation ou de symptômes d’hypomanie.
Session d’actualités médicale en psychiatrie présidée par le Pr Frédéric Rouillon (hôpital Sainte-Anne, Paris) d’après la communication du Dr Xavier Laqueille (hôpital Sainte-Anne, Paris).
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024