Médecins et patients demandaient un assouplissement des règles de prescription pour la clozapine. C’est chose faite. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annonce ce 28 mars avoir modifié les conditions d’accès à l’antipsychotique.
À partir du 1er avril, l’initiation et le suivi du traitement par clozapine (Leponex et génériques) pourront être réalisés par un psychiatre, un neurologue ou un gériatre, qu’il exerce en ville ou à l’hôpital. Cet antipsychotique est indiqué dans le traitement de la schizophrénie résistante et des troubles psychotiques liés à la maladie de Parkinson, lorsque les autres traitements se sont révélés inefficaces.
L’ANSM a ainsi supprimé l’obligation de prescription initiale hospitalière. Jusque-là la prescription initiale était réservée aux praticiens de ces trois spécialités exerçant à l’hôpital. Les spécialistes devaient renouveler cette prescription annuellement et, dans cet intervalle, les renouvellements pouvaient être prescrits par ces mêmes spécialistes exerçant en ville.
Cette décision a été prise après concertations avec des représentants de professionnels de santé et des associations de patients. « Il nous paraît intenable de maintenir les règles de prescription actuelles de la clozapine », écrivait ainsi à l’été 2024 une Task Force clozapine rassemblant une quinzaine d’instances (conseils nationaux professionnels, sociétés savantes de gériatrie, neurologie, pharmacie, pharmacologie et thérapeutique, médecine générale et psychiatrie). La décision de l’ANSM vise ainsi à « améliorer l’accès des patients à ce traitement ».
Des angles morts qui persistent
Toutes les revendications des médecins et associatifs n’ont néanmoins pas été entendues. La Task Force demandait que le renouvellement intercurrent puisse être réalisé par un médecin généraliste, le risque d’agranulocytose étant repéré simplement à la NFS. Ce d’autant qu’« un infirmier en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale peut renouveler une ordonnance de clozapine tout comme des infirmiers diplômés d’État dans le cadre de protocole de coopération », faisaient-ils valoir. Il n’en est pas question pour l’instant.
De même, toujours dans un souci de simplification, la Task Force rapportait les résultats d’études suggérant d’espacer progressivement la surveillance avant de passer à une prise de sang annuelle à partir de la 3e année de traitement, le risque d’agranulocytose diminuant fortement après la première année et plus encore après la deuxième. D’autres pays ont déjà adopté des législations plus souples et variées (Albanie, Bulgarie, Espagne, Finlande, Islande, Pologne, Portugal, Pays Bas, Islande). « Les modalités de surveillance du risque d’agranuloyctose restent inchangées », tranche l’ANSM.
« L’utilisation de la clozapine nécessite un suivi médical strict », souligne ainsi l’ANSM. « Une prise de sang doit être réalisée chaque semaine les 18 premières semaines du traitement puis tous les mois. Pour chaque prescription de clozapine, le médecin doit indiquer sur l’ordonnance la date de la dernière numération formule leucocytaire et confirmer que les résultats sont dans les limites des valeurs usuelles », rappelle l’agence sanitaire. Le médecin est tenu de mettre à jour le carnet de suivi du patient.
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