Menace de la sécurité
La traque furtive, appelée « stalking » est une forme particulière de harcèlement, différente du harcèlement moral ou sexuel. Elle a été définie par les Anglo-Saxons comme « la poursuite et le harcèlement répétés, obstinés et malveillants d’une personne sur une autre de manière à menacer sa sécurité ». Ce terme est apparu pour la première fois dans les médias américains à la fin des années 1980 pour décrire les conduites harcelantes d’admirateurs vis-à-vis de célébrités puis s’est étendu aux conduites harcelantes dans le domaine privé en particulier de la part d’ex-conjoints.
Une victime et un persécuteur
Pour parler de stalking, il faut une victime et un persécuteur. Les conduites de ce dernier doivent relever du harcèlement (intrusion non sollicitée dans la sphère privée de la victime, sentiment de peur, voire d’insécurité chez la victime) et ces comportements répétés dans le temps. Cela se traduit par des traques furtives afin de rentrer en contact avec la victime (appels téléphoniques et SMS, cadeaux non sollicités, filature et surveillance). Les études révèlent que les femmes sont plus enclines à être la cible de stalking. En effet la probabilité pour une femme d’être victime de ce type de conduite sur une vie est de 12 à 16 % tandis qu’il n’est que de 4 à 7 % chez les hommes. De plus les stalkers sont des hommes dans 80 % des cas tandis que les victimes sont des femmes dans 75 % des cas. Bien que les homicides demeurent rares, un tiers des cas relèvent de comportements violents impliquant un contact physique et plus de la moitié entraînent des menaces à l’encontre de la victime ou d’un tiers. Enfin, il semblerait qu’environ 50 % des stalkers récidivent après une intervention légale.
Troubles de la personnalité
Les différentes observations sur ce sujet ont permis de constater qu’une relation existait entre ces conduites et la présence de troubles psychiatrique chez ce type de harceleurs. En effet, dans 90 % des cas, le stalker présente un trouble de l’axe I ou II (trouble de la personnalité) du DSM-IV, dans 40 % un trouble de l’axe I et dans 50 % un trouble de l’axe II. Parmi les stalkers présentant des troubles de l’axe I, les troubles psychiques les plus rencontrés sont des troubles du registre psychotique telle que la schizophrénie, mais aussi des troubles de l’humeur, et des comportements d’abus ou de dépendance à une substance. En revanche, il n’existerait aucun lien entre la violence et l’existence d’un trouble du registre psychotique chez les stalkers. Ces derniers ne seraient également pas plus susceptibles de menacer leur victime que les autres harceleurs et seraient même moins à même de récidiver.
Pour les stalkers présentant des troubles de l’axe II, il s’agit en général de personnalités appartenant au cluster B du DSM-IV (borderline, narcissique, histrionique et antisociale). Bien que la personnalité antisociale soit moins fréquente chez les sujets stalkers que dans le reste de la population pénale, elle concernerait néanmoins 15 % de ceux-ci.
Troubles chez les victimes
Cette existence de troubles psychologique est aussi présente chez les victimes. En effet le stalcking induit des changements importants dans leur mode de vie : changement de travail ou de domicile, liens sociaux restreints... Qui plus est, un certain nombre d’entre elles va développer un trouble psychiatrique secondaire. Ainsi plus d’un tiers des victimes vont présenter un état de stress post-traumatique, 25 % un penchant suicidaire avec dans certains cas un passage à l’acte, plus de 50 % des symptômes somatiques (asthénie, nausées persistantes), et environ 75 % des troubles du sommeil. Enfin la majorité des victimes rapporte un niveau d’anxiété élevé.
Il est important de savoir reconnaître les situations de stalking afin de pouvoir proposer à la fois aux sujets harceleurs et aux victimes une prise en charge précoce, notamment au plan psychiatrique, en raison de la fréquence des troubles mentaux retrouvée dans ces deux populations. La mise en place de recommandations afin d’optimiser les interventions thérapeutiques pouvant être proposées à ces sujets est indispensable. Enfin, il est à noter que la France est un des rares pays d’Europe de l’ouest à ne pas avoir de législation spécifique réprimant ce type de conduites.
Entretiens de Bichat. D’après la communication de S. Pasquier de Franclieu et N. Dantchey (hôpital de l’Hôtel-Dieu, Paris).
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