Agonistes sérotoninergiques des récepteurs 5-HT2A, 5-HT1A et 5-HT2C, les psychédéliques semblent avoir un intérêt certain en psychiatrie. Ils comprennent la psilocybine (issue de champignons hallucinogènes), le LSD, le DMT (N-diméthyl-tryptamine) extrait de l’ayahuasca, la mescaline (du cactus peyotl) et leurs dérivés.
Leur utilisation thérapeutique est une histoire ancienne, comme en témoigne l’usage millénaire en Amérique latine, à des fins curatives et rituelles. En occident, les psychédéliques n’ont été découverts qu’à la fin du XIXe siècle, avant d’être commercialisés dans les années 1950 par Sandoz, puis interdits dans les années 1970.
Ce n’est qu’au début des années 2000 que la recherche a repris, aboutissant à un nouveau concept, la psychothérapie assistée. De nombreux essais sont en cours, dans la dépression, l’anxiété liée à la fin de vie, les addictions, mais aussi dans les TOC, les TCA, les douleurs…
Considérée par les usagers comme l’une des expériences les plus importantes de leur vie, l’expérience psychédélique est d’une durée très variable selon la drogue utilisée : de 15 à 30 minutes pour la DMT, de 4 à 6 heures pour la psilocybine, de 10 à 12 heures pour la mescaline et le LSD.
De multiples effets
L’expérience est à la fois esthétique, mystique et spirituelle. Elle se manifeste par des distorsions visuelles, une altération de la perception du temps et de l’espace, une hilarité, une sensation de détente, de bien-être et de dissolution de l’ego. Les psychédéliques modifient l’intégration de l’information via l’excitation des neurones pyramidaux, et altèrent le filtre perceptif, par un effet sur le thalamus et une diminution des ondes alpha, supprimant les biais cognitifs. Ils amplifient l’activité dans les aires sensorielles et diminuent celle dans les aires associatives, ce qui entraîne une focalisation sur le monde extérieur et une décentration. Enfin, ils intensifient le partage d’information entre les différentes aires cérébrales.
« Ces molécules prometteuses, aux effets immédiats, intenses, pouvant durer plusieurs mois après une prise unique et efficaces dans différents troubles psychiatriques pourraient représenter une révolution, explique la Dr Lucie Berkovitch (CH Sainte-Anne, Paris). Elles sont aussi un outil précieux pour explorer la perception du patient, mieux comprendre l’avènement de certains symptômes et envisager des traitements ciblés. »
Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens : quelle est la part de la pharmacologie et de la psychothérapie ? Quels sont les risques ? L’innocuité a été démontrée dans les études, mais qu’en sera-t-il avec la démocratisation du traitement ? Comment faire en pratique (dose et rythme d’administration, population…) ? Le principe de précaution doit prévaloir. « S’ajoute un défi en termes de faisabilité, dans un système de soins déjà à flux tendu et vu le nombre limité de psychiatres en France », prévient la Dr Berkovitch.
exergue : « Ces molécules pourraient représenter une révolution »
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?