DÈS LES ANNÉES 1980, des études ont montré que les personnes qui s’auto-mutilent présentent un risque de décès accru : le risque de suicide a été estimé être multiplié par 25, les accidents par 7 et les décès de toutes causes par deux.
Les problèmes physiques sont souvent peu pris en charge chez les personnes ayant des troubles mentaux, ce qui est associé à une réduction de l’espérance de vie. Les patients qui s’auto-mutilent ont un haut risque de suicide mais aussi souvent des troubles psychiatriques.
Le but de l’étude de Helen Bergen et coll. est de rechercher les causes spécifiques des décès prématurés chez des individus qui s’auto-agressent et de savoir s’il y a des associations avec les situations socio-économiques défavorisées.
Cela a pris la forme d’une étude de cohorte de tous les patients qui se sont présentés aux urgences à l’hôpital d’Oxford entre 2000 et 2007 pour une auto-mutiliation non fatale : empoisonnement ou blessure auto-administrée. Un total de 30 132 cas (58,6 % de femmes et 41,3 % d’hommes) ont été retenus. Au cours du suivi médian de six ans, il y eut 1 832 décès de personnes survenus en moyenne à l’âge de 49,6 ans chez les hommes et à 54,3 ans chez les femmes. Les décès sont plus fréquents (6,1 %) dans cette cohorte que dans la population générale (3,6 %). Les hommes sont plus touchés que les femmes. Le suicide est la cause de la mort pour 20 % de tous les cas. Et les décès dus à des causes naturelles sont au moins deux fois plus fréquents que ce à quoi on peut s’attendre, avec les différences les plus importantes pour les maladies du tube digestif et les troubles mentaux et désordres du comportement (avec dans ce dernier cas, 87 % des décès dus à un mésusage de substance psycho-active).
La pauvreté.
Les calculs en fonction de la situation socio-économique montrent un accroissement de la mortalité avec chaque quartile d’appauvrissement (p ‹ 0,0001), pour les hommes comme pour les femmes. Et la privation socio-économique est liée à la mortalité pour les décès de causes naturelles (p ‹ 0,0001) mais non pour les autres causes.
Les décès sont plus fréquents chez les personnes ayant des problèmes avec l’alcool. Et on trouve différents types d’associations : les problèmes d’alcool sont associés avec des décès par maladies digestives ; les usages abusifs de drogues avec les troubles mentaux et comportementaux ; et les problèmes de santé physique au sens large avec des maladies du système circulatoire.
Grosso modo, ces morts prématurées correspondent à une perte d’au moins 30 ans de vie pour chaque individu concerné. Un chiffre plus élevé que ce qui était antérieurement publié (10 à 15 ans de vie en moins).
Cette étude confirme des observations antérieures qui avaient indiqué une altération de la santé physique mal prise en compte chez des individus qui s’auto-mutilent. Le présent travail précise et chiffre les dangers. « Lorsque des individus se présentent avec des auto-mutilations, il est opportun de se préoccuper de problèmes tels que l’abus de drogues illicites ou d’alcool, le peu de soins pris d’eux-mêmes et la mauvaise adhésion aux traitements prescrits. L’évaluation des individus doit inclure des bilans physiques et des risques de comportements auto-délétères. »
The Lancet, 18 septembre 2012.
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