LE PRINCIPAL avantage des antipsychotiques atypiques (APA) sur les neuroleptiques, est qu’ils ne provoquent pas ou peu de symptômes extrapyramidaux aux doses thérapeutiques habituelles. « La clozapine est le seul APA à ne provoquer aucun symptôme extrapyramidal, quelle que soit la dose. Elle est aussi la seule molécule à avoir démontré une action préventive sur le suicide, complication fréquente des psychoses. En contrepartie, ses effets indésirables nécessitent une surveillance maintenue, notamment en raison de la prise de poids importante et rapide qu’elle peut provoquer, ainsi que des troubles métaboliques conduisant à une augmentation du risque cardio-vasculaire. C’est pourquoi la clozapine reste indiquée en seconde intention, en cas de faible réponse aux traitements ou de problème de tolérance. Ce risque existe dans une moindre mesure, avec les autres antipsychotiques et les psychiatres ont appris à y prêter attention » souligne le Pr Thomas.
Dix ans de recul.
Le regard porté sur le patient traité pour psychose a ainsi considérablement changé. Autrefois stigmatisés par leur démarche à petits pas et leurs gestes ralentis, typiques du syndrome extrapyramidal inhérent à la prise de neuroleptiques, les patients traités par antipsychotiques atypiques sont aujourd’hui confrontés au surpoids et au risque cardio-vasculaire. Ce risque n’est pas seulement lié à la prise des APA, mais aussi à la maladie elle-même qui favorise la sédentarité, un déséquilibre alimentaire et les addictions. « Depuis la mise des APA sur le marché, les psychiatres ont pris conscience que ces problèmes gênaient la réinsertion de leurs patients, beaucoup se retrouvant dans une situation précaire. Prendre soin de soi et de sa santé et de sa place avec les autres, est devenu un objectif de soin prioritaire en psychiatrie » poursuit le Pr Thomas.
Ces constats ne doivent cependant pas faire oublier l’efficacité de ces produits A l’heure actuelle, lorsque le traitement de la schizophrénie est précoce et que l’accès aux soins est rapide, il peut y avoir une disparition complète de la symptomatologie et on parle même de guérison. La moitié des premiers épisodes de schizophrénie ont ainsi une évolution favorable, avec une guérison dans 25 % des cas et une rémission dans un autre quart des cas. « Pour la moitié des patients dont l’évolution n’est pas favorable (10 % avec une évolution très défavorable), plusieurs explications sont avancées : une mauvaise adhésion aux soins et au traitement ou un patient qui n’est pas répondeur au traitement. Cette situation pourrait s’expliquer par la variabilité génétique et/ou environnementale de la pharmacocinétique des APA ». Des recherches sont d’ailleurs en cours pour en savoir plus sur l’insuffisance de réponse aux antipsychotiques atypiques et les moyens d’y remédier. « Grâce à cette recherche et à une prise en charge plus globale de la maladie psychotique, nous espérons bien améliorer la personnalisation de la prise en charge des patients, même les plus difficiles » conclut le Pr Thomas.
D’après un entretien avec le Pr Pierre Thomas, CHU de Lille.
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