Septembre jaune, un mois pour mettre en lumière la prévention du suicide

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Publié le 04/09/2025

Plusieurs évènements sont organisés tout au long du mois de septembre pour promouvoir la prévention du suicide et déstigmatiser un phénomène qui ne faiblit pas, malgré des dispositifs de lutte qui s’étoffent.

Crédit photo : Valery Sharifulin/TASS/Sipa USA/SIPA

La France déplore chaque année quelque 9 000 décès par suicide, un chiffre stable depuis plusieurs années, et 200 000 tentatives de suicides. Au-delà du seul 10 septembre, la journée internationale de prévention du suicide, est lancée pour la deuxième année l’opération Septembre jaune. Une initiative portée par le 3114, la ligne d’appel nationale ouverte depuis le 1er octobre 2021. Tenue par des psychologues et infirmiers formés, elle s’adresse aux personnes en détresse psychique, leur entourage, les endeuillés, ou encore les professionnels qui souhaitent obtenir des avis et conseils spécialisés.

« Le suicide est une problématique de santé majeure, sa prévention doit être une affaire collective. Le sujet mérite plus qu’une journée par an. Un mois entier est donc consacré aux actions des centres de réponse du 3114 », indique au Quotidien le Dr Charles-Edouard Notredame, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent (CHU de Lille), coordinateur national adjoint du 3114. « Si on ne parle pas du suicide, les personnes qui ont des idées suicidaires se sentent honteuses et coupables, ce qui empire leur état et les empêche d’aller vers les ressources d’aide », poursuit-il.

Pour lutter contre la stigmatisation et toucher le grand public, le 3114 diffuse une campagne sur les réseaux sociaux « C’est le moment », avec un parapluie jaune, rempart aux idées reçues. Le spot « Tu comptes pour moi » sur M6 et France Télévisions s’adressera plus particulièrement aux publics vulnérables que sont les jeunes femmes entre 18 et 35 ans, et les personnes de plus de 50 ans. Un challenge 3 114 km, à pied, à vélo, ou en course à pied, est lancé du 1er au 30 septembre 2025, via l’application gratuite Teamupp. Sans oublier des actions locales : ciné-débats, marches jaunes, stands, soirées spéciales, etc. En parallèle, le bus de prévention de l’association « Dites je suis là » sillonne l’ouest de la France, du Mans à la Bretagne pour ouvrir le dialogue à partir du 4 septembre.

Coordonner les dispositifs

L’enjeu est d’« éveiller les consciences et donner de la visibilité » à la stratégie de lutte contre le suicide selon les mots du Dr Notredame. Celle-ci est inscrite dans la feuille de route santé mentale et psychiatrie de 2018 et repose sur plusieurs dispositifs, à commencer par VigilanS, le service de recontact des suicidants, lancé en 2015 dans le Nord-Pas-de-Calais et généralisé à toutes les régions depuis. Selon Santé publique France, le dispositif diminuerait de près de 40 % le risque de réitération suicidaire, quels que soient le sexe et les antécédents, en étant de surcroît particulièrement coût-efficace (un euro investi permettrait d’en économiser deux en coûts de santé).

Autres dispositifs clefs : la formation et le déploiement de sentinelles formées par le groupement d’étude et de prévention du suicide (Geps) et des secouristes en santé mentale (165 000 au 1er décembre 2024 et 1 752 formateurs accrédités) et le programme Papageno de prévention de contagion suicidaire.

« Il nous faut encore consolider ces dispositifs et renforcer leur coordination », estime le Dr Notredame. « D’autres champs de réflexion doivent s’ouvrir davantage, autour de l’accès aux moyens létaux, aux pesticides, aux médicaments », suggère-t-il encore.

Car le chiffre des décès, après une baisse entre 2000 et 2020, stagne désormais et les hospitalisations pour geste auto-infligé (HGAI), comprenant tentatives de suicides (TS) et automutilations, ont augmenté de 3,4 % entre 2022 et 2023, atteignant 91 162, selon les chiffres livrés par Santé publique France (SPF)

Les derniers rapports révèlent une hausse de la fréquence des idées suicidaires chez les jeunes (de 3,3 % des 18-24 ans en 2014 à 7,2 % en 2021) ; et le suicide est la première cause de mortalité évitable chez les 25-34 ans, la deuxième chez les 18-25. À l’autre bout des âges de la vie, les hommes de 85 à 94 ans ont une prévalence du suicide trois fois plus élevée qu’en population générale.

« Dans tous les pays occidentaux, s’observe un regain de tentatives de suicide, phénomène multifactoriel. Face à tout ce qui vulnérabilise notre société, on voit moins les effets de la prévention, ce que nous cherchons à contrecarrer », conclut le Dr Notredame.



Source : lequotidiendumedecin.fr