IL N’EXISTE donc pas de définition « universelle ». Néanmoins, on peut considérer, comme J. Belaisch (2), qu’il existe 2 composantes dans ce syndrome :
- l’une psychique associant des signes présents de façon plus ou moins intense : irritabilité voire irascibilité, angoisse pouvant aboutir à un état dépressif, tristesse ;
- l’autre physique, dominée par 2 symptômes : la tension mammaire (mastodynies, augmentation de volume des seins) et les sensations de rétention liquidienne (œdèmes prémenstruels, ballonnement abdominal…).
Fréquence
On peut penser que 7 à 9 femmes sur 10 ont des soucis dans ce domaine, 20 à 40 % d’entre elles se plaignant d’une gêne vraiment importante, 5 à 10 % des femmes souffrent de SPM sévère pouvant avoir un retentissement important sur leurs relations familiales et/ou socioprofessionnelles.
Les symptômes.
Cent cinquante signes ont été décrits, ces signes sont retrouvés dans divers questionnaires, citons celui mis au point par J. Belaisch et A. Tamborini (3), intéressant dans l’auto-évaluation du SPM. Les signes les plus importants sont donc psychologiques (anxiété, angoisse, irritabilité, agressivité, dépression, repli sur soi) et/ou physiques (seins tendus, maux de ventre, ballonnement abdominal, gonflement des doigts, du visage, prise de poids, maux de tête).
Les psychiatres utilisent 2 questionnaires plutôt axés sur les éléments psychiques : Mood Menstrual Distress Questionnaire (MMDQ) et Prementrual Assement For (PAF) de Halbreich et Endicott.
Il faut, après en avoir évoqué le diagnostic, éliminer les diagnostics différentiels, ce qui peut être complexe en raison de la non-spécificité des signes définissant un SPM : spasmophilie, endométriose, dysménorrhée, troubles gynécologiques non cycliques parfois liés à la prise d’une pilule mal adaptée. Il faudra aussi ne pas mésestimer les possibilités de syndromes psychiatriques réels dépressifs ou anxieux.
Etiologie
Le rôle de la progestérone et surtout son déficit ont été les premiers invoqués mais d’autres troubles endocriniens peuvent co-exister : hyperprolactinémie, hyperaldostéronisme, déficit en vitamine B6, anomalie du système rénine angiotensine.
L’hypothèse actuelle la plus satisfaisante serait la relation existant entre SPM et une anomalie du taux des neurotransmetteurs centraux et de leur régulation. Il existerait une baisse du taux des ß endorphines en 2e partie de cycle en cas de SPM.
L’insuffisance relative en progestérone pourrait jouer sur la synthèse et le métabolisme de prostaglandine.
Quel serait le rôle des estrogènes ? L’hyperestrogénie réelle ou relative serait délétère, en particulier pour les Américains.
Quels traitements ?
a) Prise en charge hygiénodiététique. Ces femmes souffrent à des degrés divers et ont besoin d’aide, il faut parfois trouver le facteur déclenchant, la raison du stress. Cela pourra aller depuis les conseils alimentaires (restriction du sel et des hydrates de carbone en période prémenstruelle, des excitants type café, thé, alcool, boissons à base de cola), aux suggestions de mise en route d’une activité physique en passant par la prescription de compléments vitaminiques, de calcium, et/ou de magnésium.
b) Prise en charge médicamenteuse.
1. Les traitements hormonaux.
Ils ont pour but le rétablissement d’un équilibre estroprogestatif. La progestérone et les progestatifs sont et ont été à ce titre largement utilisé le plus souvent pendant 10 jours du 16e au 25e jour du cycle.
On pourra également vouloir supprimer le cycle ovarien en utilisant des estroprogestatifs le plus souvent à visée contraceptive voir des analogues LH-RH.
Les pilules réduisant l’intervalle libre entre 2 plaquettes sont intéressantes dans ce domaine. En effet, pour Willis (2006), la réduction de cet intervalle libre permet d’empêcher l’élévation des taux de FSH et donc la reprise de la sécrétion d’estradiol endogène. Diverses pilules existent sur le schéma 24/4…..
On pourra parfois selon les symptômes s’aider de bromocriptine, d’acide mefenanique et d’AINS, de veinotoniques.
2. Les traitements diurétiques.
Thiazidique et spironolactone sont le plus souvent prescrits.
3. Les traitements psychotropes.
Benzodiazépines et méprobamate peuvent être d’une aide appréciable. Les traitements antidépresseurs nécessitent souvent une prise en charge en association avec un psychiatre.
Il existe d’ailleurs en France, un seul produit ayant une AMM pour le traitement du syndrome prémenstruel et regroupant ces 3 classes : le Précyclan, associant un progestatif, un diurétique et un anxiolytique.
Aux États-Unis, la pilule YAZ associant 20 µg d’éthinyl estradiol et 3 mg de drospirenone, progestatif à propriétés minéralo-corticoïdes, a eu l’AMM pour le traitement du SPM.
Cette pilule se prend 24 jours et comporte 4 placebos en fin de plaquette.
La prise en charge tiendra compte des différentes composantes de ce syndrome et du désir de contraception. Elle associera des traitements médicamenteux, parfois une prise en charge psychologique en n’oubliant pas les conseils hygiénodiététiques et, pourquoi pas, les médecines douces (sophrologie, yoga, homéopathie etc.).
Bibliographie
1) Ahlbreich & Endicott – The diversity of premenstrual changes as refflected in the premenstrual assessment for. Act. Pschiatr.Scand,1982, 65:46-51
(2) Jean Belaisch – TherapPsy – supp du n° 9 – Vol.5-1999
(3) Alain Tamborini EMC Gynécologie. 1994 ;161C-10
(4) Internationl Health Foundation. Le syndrome prémenstruel : étude effectuée en France auprès de 2 501 femmes de 15 à 50 ans.IHF, Genève, Paris 1979
(5) Belaisch J., Tamborini A ; Le syndrome prémenstruel de demain. Monographie Théramex 1987.
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