BIEN AVANT que l’art-thérapie ne devienne un concept à la mode, le centre hospitalier Saint-Anne s’est intéressé à l’utilisation d’une démarche artistique comme outil thérapeutique. C’est en en effet en 1952 qu’y a été créée l’unité de thérapie à médiation artistique, aujourd’hui placée sous la responsabilité du Dr Anne-Marie Dubois. « Le principe de cette unité fonctionnelle est d’utiliser la pratique artistique à des fins thérapeutiques alors qu’en général la psychothérapie utilise la parole comme outil de travail. Mes prédécesseurs étaient des pionniers, mais, à l’époque, ils n’utilisaient que des médiations plastiques. Aujourd’hui, nous nous servons toujours des arts plastiques, comme la peinture ou la sculpture, mais aussi de médiations musique, danse, théâtre ou écriture », explique le Dr Dubois, en précisant que le but est « d’accompagner les patients dans un processus créatif de quelque chose ou créatif pour renouer avec sa créativité personnelle ».
L’unité reçoit des patients qui, le plus souvent, sont adressés par un psychiatre. « Au début, les malades sont tous reçus pour un entretien préliminaire. La médiation artistique, en effet, ne s’adresse pas forcément à tous les patients. Contrairement à ce qu’on peut imaginer, une pratique artistique n’est pas anodine. Mal pratiquée, elle peut provoquer certains désagréments ou confronter les patients à des choses auxquelles ils ne sont pas nécessairement préparés. Ensuite, après cet entretien préliminaire, si on juge que cela est indiqué, les patients sont adressés vers tel ou tel type de médiation en fonction de leurs désirs et de la pathologie ».
Stratégies de détour.
Quelles pathologies sont plus particulièrement prises en charge au sein de l’unité ? « En fait, nous n’aimons pas raisonner en termes de pathologies, mais plutôt en termes de fonctionnement psychique. Mais il est clair que, pour toutes les pathologies où les modalités de pensée sont très verrouillées, comme les addictions ou les troubles du comportement alimentaire, ces méthodes psychothérapiques peuvent se révéler très utiles car elles ne prennent pas les choses de front. Il s’agit de stratégies thérapeutiques de détour », explique le Dr Dubois.
Celle-ci ne cache pas un certain agacement face à l’engouement actuel autour de l’art-thérapie. « Ce terme, en lui-même, ne dit pas grand-chose. C’est vrai que, aujourd’hui, on voit beaucoup d’artistes qui se rendent dans les institutions sans avoir toujours une formation adaptée. Le plus souvent, il s’agit d’activités qui relèvent davantage de l’occupation ou du divertissement. Mais ce n’est pas du soin ou alors par hasard ».
L’unité de Saint-Anne est responsable d’une formation sur la médiation artistique délivrée par l’université Paris-Descartes. « Les personnes que nous formons travaillent ensuite surtout dans le cadre d’ateliers ponctuels. La réalité est qu’il existe encore peu d’unités structurées comme la nôtre qui proposent une palette de médiations différentes », constate le Dr Anne-Marie Dubois.
D’après un entretien avec le Dr Anne-Marie Dubois, responsable de l’unité de thérapie à médiation artistique du centre hospitalier Saint-Anne à Paris.
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