Agomélatine

Une molécule originale

Publié le 16/12/2010
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« Mise sur le marché cette année sous le nom de Valdoxan, l’agomélatine présente une véritable originalité au sein de la famille des antidépresseurs », note le Dr Raphaël Gaillard. Tout d’abord une originalité pharmacologique : elle agit en effet d’une part sur la voie mélatoninergique et plus précisément comme agoniste des récepteurs mélatoninergiques MT1 et MT2, et d’autre part sur la voie sérotoninergique, comme antagoniste des récepteurs 5HT2C. « L’intérêt et la réussite de ce nouvel antidépresseur viennent de cette double action », souligne le Dr Gaillard.

Ce profil pharmacologique innovant est associé à profil clinique particulier. L’effet sur la voie mélatoninergique sous-tend son action de resynchronisation des rythmes veille-sommeil, qui, on le sait, sont perturbés chez les patients dépressifs et sont même au cœur de la maladie dépressive. Mais il faut également souligner son effet sur la réactivité émotionnelle, estime le Dr Gaillard. La plupart des antidépresseurs sont responsables d’un émoussement des affects, que les cliniciens – et les patients - appellent volontiers « effet édredon », ou encore « effet limousine ». « Dans une première phase, cet effet indésirable est bénéfique pour le patient, en réduisant les affects douloureux. Mais par la suite il est un handicap et une cause de mauvaise observance », explique le Dr Gaillard. L’absence d’effet édredon et, au contraire, son effet stimulant sur la réactivité émotionnelle, qui se traduit par une sorte d’énergisation, confèrent au Valdoxan un profil clinique particulièrement intéressant », poursuit-il avant de conclure : « Reste bien entendu qu’il n’existe pas de médicament miracle et que c’est au psychiatre de définir quels patients vont en bénéficier ».

D’après un entretien avec le Dr Raphaël Gaillard, centre hospitalier Sainte-Anne, Paris.

Dr MARINE JORAS

Source : Bilan spécialistes