Dans la région autonome italienne de Frioul-Vénétie julienne, les pouvoirs publics mènent depuis plusieurs années une politique visant à diffuser dans la population l’apprentissage des gestes de réanimation cardiopulmonaire. Au cours des deux dernières décennies, les effets s’en font ressentir, avec une augmentation des arrêts cardiaques extra-hospitaliers qui bénéficient d’un massage pratiqué par un témoin avant l’arrivée des secours.
Ces résultats ont été présentés lors du congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) qui s’est tenu les 14 et 15 mars à Florence, par la Pr Aneta Aleksova, de l’université de Trieste. Leur principale conclusion est que « le plus important n’est pas de savoir qui pratique la réanimation cardiopulmonaire, mais quand elle commence », le plus tôt étant le mieux.
Les auteurs ont analysé les données issues de 3 315 patients atteints d’un infarctus du myocarde avec élévation du segment ST, qui ont été admis au service de cardiologie de l’hôpital universitaire de Trieste entre 2003 et 2024. Dans 172 cas, l’infarctus a commencé en dehors de l’hôpital, et 44 d’entre eux ont bénéficié d’une tentative de réanimation cardiopulmonaire de la part d’un témoin présent sur place, quand les autres ont dû attendre l’arrivée d’une équipe médicale.
Trois fois plus d’intervention par les témoins en 20 ans
Les chercheurs ont considéré les 5 intervalles de temps suivant : 2003-2007, 2008-2011, 2012-2015, 2016–2019 et 2020-2024. Ils ont constaté une augmentation significative de la part des patients ayant été secourus par un témoin : de 23 % entre 2003 et 2007 à 69 % entre 2020 et 2024.
La qualité de l’intervention est moins bonne chez les « amateurs ». Ainsi, la durée médiane entre le début de la tentative de réanimation et le retour de la circulation sanguine était de 20 minutes quand la réanimation était effectuée par un témoin, contre 5 minutes par un professionnel de santé. En outre, les patients qui ont bénéficié d’une tentative de réanimation par un témoin avaient plus souvent besoin d’intubation endotrachéale (91 %) que ceux pris en charge directement par un professionnel de santé.
Et pourtant, le risque de décès n’était pas influencé par la personne qui pratiquait le passage cardiaque. Environ un quart (25,6 %) des patients est mort au cours de l’admission à l’hôpital et le facteur le plus déterminant était le délai entre le début de l’évènement cardiovasculaire et le démarrage de la réanimation : chaque tranche de 5 minutes d’attente supplémentaires se traduisait par une hausse de 38 % du risque de mortalité. Or, les patients qui bénéficiaient le plus vite d’un massage cardiaque étaient aussi ceux qui ont été pris en charge par un témoin. L’autre facteur majeur reste l’âge du patient avec 46 % de risque de décès en plus pour chaque tranche de 5 années supplémentaires.
Un biais de recrutement… Mais pas que
Les auteurs précisent que les taux de survie relevés dans leur étude sont particulièrement élevés ; normalement les chances de survies après un arrêt cardiaque survenant en dehors d’un hôpital se situent entre 1 et 10 %. Cela s’explique en partie par un biais de recrutement : les patients ont tous été inclus après qu’ils sont arrivés vivants à l’hôpital. Toutefois, cela n’explique pas tout, et les chercheurs estiment qu’entre en jeu le fait qu’une grande partie de la population de la région de Frioul-Vénétie julienne connaisse les gestes basiques de réanimation cardiorespiratoire.
Environ 80 % des arrêts cardiaques survenant hors de l’hôpital arrivent sur le lieu de résidence en présence d’un nombre restreint de témoins. « Au fil du temps, la proportion de témoins d’un arrêt cardiaque qui sont intervenus a augmenté, concluent les auteurs. Le retour rapide de la circulation de sanguine spontanée est crucial dans les arrêts cardiaques en dehors de l’hôpital, indépendamment de la personne qui intervient […], nos données soulignent l’importance de sensibiliser la population aux gestes de réanimation cardiaque. Leur apprentissage a un effet concret sur la survie. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024