Dans l’arthrite juvénile idiopathique (AJI) avec uvéite jusque-là contrôlée par adalimumab, l’arrêt de l’anti-TNF alpha est associé à une rechute de l’uvéite, de l’arthrite ou des deux, selon l’étude anglo-saxonne Adjust. Il est en revanche à noter que la reprise du traitement entraîne de nouveau une amélioration de l’inflammation.
« Il n’existe que peu de données sur les effets de l’arrêt du traitement par adalimumab une fois la maladie contrôlée. Ces résultats pourront être exploités pour guider le conseil aux patients et leur famille », expliquent les auteurs de cette étude publiée dans The Lancet et soutenue par les National Institutes of Health (NIH) américains. Des résultats d’autant plus utiles que les données sur d’autres maladies auto-immunes divergent, puisque l’arrêt puis la reprise des traitements par anti-TNF semblent être associés à une moins bonne réponse au traitement.
L’adalimumab, indiqué en seconde ligne de traitement dans l’arthrite juvénile idiopathique en cas d’échec du méthotrexate, est également efficace sur l’uvéite associée ou non à l’AJI. « Malgré son efficacité, les patients souhaitent souvent arrêter le traitement une fois la maladie contrôlée du fait de son coût [l’étude a été réalisée aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, NDLR] et du risque d’événements indésirables », rappellent les auteurs. Les recommandations américaines et européennes indiquent, quant à elles, que l’arrêt peut être tenté après deux ans de contrôle de la maladie avec, cependant, un faible niveau de preuve.
La rechute concerne particulièrement l’uvéite
L’étude Adjust, multicentrique randomisée contrôlée en double aveugle, a inclus 87 patients âgés d’au moins 2 ans dont l’arthrite et l’uvéite étaient contrôlées depuis au moins un an par adalimumab. Pour l’analyse principale, les patients ont été randomisés, soit dans le bras adalimumab (n = 43), soit dans le bras placebo (n = 44), avec une injection toutes les deux semaines durant 48 semaines.
Le critère principal d’évaluation était le délai avant l’échec du traitement défini par la réapparition de l'uvéite et/ou de l’arthrite. L’étude met en évidence un taux d’échec de 14 % dans le groupe adalimumab et de 68 % dans le groupe placebo (HR = 8,7), les événements étant survenus principalement dans les 24 premières semaines de suivi et exprimés particulièrement par une inflammation oculaire. Un peu moins de 25 % des patients du groupe placebo ont eu une rémission durable sur les 48 semaines de suivi.
Le double aveugle ayant été levé à l’échec du traitement, les patients ont eu le choix de reprendre ou continuer leur traitement par adalimumab jusqu’à la fin de l’essai (48 semaines). Ainsi, deux tiers (66 %) du groupe adalimumab ont souhaité continuer la biothérapie malgré l’échec du traitement. Les auteurs rapportent un délai médian pour revenir à un contrôle de l’inflammation oculaire de 98 jours, contre 105 jours dans le groupe placebo, où 100 % des patients en échec ont souhaité reprendre l’anticorps monoclonal.
Concernant les événements indésirables non sévères, les auteurs en retrouvent 226 dans le groupe adalimumab contre 115 dans le placebo (fatigue, céphalées, troubles gastro-intestinaux) ; et quatre événements sévères dans le groupe adalimumab. De plus, le taux d’infection par le Sars-CoV-2 était plus élevé dans le groupe adalimumab que dans le placebo.
Pour les auteurs, en cas d’arrêt de l’adalimumab, il serait opportun de surveiller les patients pour le risque de rechute et, ce, particulièrement durant les six premiers mois d’arrêt. Désormais, l’équipe souhaite rechercher d’éventuels biomarqueurs sanguins ou caractéristiques cliniques prédictifs de la réponse à l’arrêt de la biothérapie.
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