LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Comment avez-vous évalué l’efficacité de la mésothérapie ?
DR PHILIPPE LAFUMA : Notre étude était ouverte, sur deux ans et 3 mois d’inclusion, chacun des 59 patients faisant l’objet d’un protocole de 5 séances de mésothérapie, à J0, J8, J15, J30 et J60, les 3 médicaments retenus étant injectés en intra-dermique profond (à moins de 4 mm) et en intra-dermique superficiel (entre 1 à 2 mm) par 12 médecins, la plupart généralistes. Les résultats étaient mesurés à chaque étape et à J90, sur l’échelle visuelle analogique (EVA) pour la douleur, l’indice algofonctionnel de Lequesne et la prise concomitante de traitements antalgiques et/ou anti-inflammatoires non stéroïdiens.
L’étude conforte notre impression clinique, la mésothérapie s’avérant efficace, pour ces gonarthroses fémoro-tibiales à un stade débutant à modéré, dès la première injection, de façon statistiquement significative dès J15 à la deuxième séance, avec une baisse du score EVA moyen de 5,5 à 1,9 et de l’indice de Lequesne de 11,6 à 6 entre J0 et J90.
En quoi consistait le protocole de mésothérapie ?
Le mélange utilisé associait de la lidocaïne à 1 % antalgique, du piroxicam 20 mg anti-inflammatoire et 100 unités de calcitonine (trophique des os et des cartilages, antalgique et aux effets microcirculatoires). La technique est donc mixte, avec une injection plus profonde pour un effet rapide, mais fugace, couplée à une injection plus superficielle pour un "nappage" dans le derme superficiel, localement toujours, à libération “retardée “Elle est quasi-indolore et le risque infectieux "absent", en respectant une asepsie en deux temps avec séchage à l’air libre, puisque les cellules immunitaires compétentes sont situées dans les couches superficielles de la peau.
Quelles sont les faiblesses de l’étude ?
L’absence de groupe contrôle bien sûr, versus un traitement de référence, des AINS per os par exemple. Et l’impossibilité où nous étions d’évaluer l’efficacité à distance du protocole, au delà de J90.
Quelle pourrait être la place de la mésothérapie dans la stratégie de traitement d’une gonarthrose ?
Possiblement en première intention, notamment chez les personnes âgées, en raison de sa rapidité d’action et de son peu de iatrogénicité, liée à l’absence de premier passage hépatique. Elle peut être traitement adjuvant du paracétamol, en "co-antalgie" ; elle est par ailleurs un excellent complément, antalgique, de la viscosupplémentation. Nous sommes ici au cœur de la cible de la mésothérapie, pratiquée pour traiter les douleurs de l’appareil locomoteur presque exclusivement (à 95 %).
* Médecin du sport, service de chirurgie orthopédique à l’Hôpital Edouard Herriot (Lyon), et responsable de l’enseignement du DIU de mésothérapie à Lyon ; les 29 et 30 novembre à Paris, www.sfmesotherapie.com, où l’on peut trouver les noms des médecins titulaires du DIU
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