Rachialgies évoquant une spondylarthrite

La concordance des lectures de l’imagerie en question

Publié le 02/12/2013
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DESIR est la plus grande cohorte de patients rachialgiques ayant possiblement une spondylarthrite . Elle a inclus 708 patients âgés de 18 à 50 ans présentant des douleurs rachidiennes d’horaire inflammatoire, évoluant depuis plus de 3 mois et moins de 3 ans. Ces patients, suivis dans 25 centres, bénéficient de toute une série d’examens d’imageries, notamment de radiographies du rachis et du bassin et d’IRM du rachis et des sacro-iliaques . Ces images sont lues selon 2 modalités : d’emblée , localement dans le centre investigateur par le rhumatologue ou le radiologue participant à l’essai, puis dans un deuxième temps de façon centralisée par deux lecteurs entraînés indépendants, non informés du reste du dossier. En cas de désaccord, un troisième auteur expérimenté est sollicité, l’avis retenu in fine se faisant selon la règle des deux-tiers. La concordance entre les lectures locales et centralisées a fait l’objet de plusieurs présentations lors du congrès.
 

Commentaire du Pr Pascal Claudepierre*

 
Des premières analyses avaient déjà porté sur la lecture locale des images radiologiques et IRM à M0. Des données sur la lecture centralisée de ces radiographies et IRM des sacro-iliaques ont été présentées pour la première fois lors du congrès. L’une des premières questions qui se posait concernait le degré de concordance entre la lecture locale et la lecture centralisée. Dans une première étude sur les radiographies des sacro-iliaques, c’est le degré d’accord sur le diagnostic de sacro-illite (certaine ou absente) qui a été analysé ( abstract 1 718). En lecture locale, la sacro-illite était définie par la présence d’une anomalie certaine sur au moins une sacro-iliaque (équivalent à une lésion de stade 2 de New York au moins) alors qu’en lecture centralisée, ce sont les critères de la classification de New York complète qui étaient appliqués (au moins un stade 2 bilatéral ou un stade 3 unilatéral). Dans ce travail, le degré de concordance se révèle modéré selon le kappa (0,54), avec en revanche 84 % d’accord sur les données brutes (avec toutefois une majorité de radiographies normales). Mais la lecture centralisée ne fait guère mieux, le degré d’accord entre les 2 lecteurs centralisés étant le même qu’entre lecteur local et centralisé, soulignant la modeste reproductibilité entre lecteurs expérimentés.
 
Si l’on s’intéresse cette fois aux signaux inflammatoires en IRM ( abstract 1 120), le degré d’accord est meilleur ( kappa à 0,70) et la reproductibilité entre les deux lecteurs centraux est à 0,73.
 
Ces données confirment la difficulté de reconnaissance d’une sacro-iliite sur les radiographies même pour des lecteurs entraînés, surtout dans les formes symptomatiquement débutantes. À l’inverse, la concordance à l’IRM est bien meilleure, ce qui pose la question du remplacement des critères de sacro-iliite radiographiques par des critères en IRM.
 
Une autre étude ( abstract 1 122) des mêmes auteurs proposait une comparaison binaire (absence de lésion de type SA, score mSASSS = présence de lésion de type SA, score mSASSS supérieur ou égal à 1) des lectures de radiographies du rachis lombaire et cervical de profil. 
 
77 et 84% des patients avaient des radiographies normales ( mSASSS égal 0), ce qui peut bien sûr entraîner un biais dans les degrés d’accord. La concordance entre les lectures locales et centralisées a été faible, avec un kappa à 0,19, et un agrément sur les données brutes à 72 %. Les lecteurs locaux ont rapporté plus de lésions que les lecteurs centraux. 
 
En lecture centrale en revanche, le degré d’accord est bien meilleur : kappa à 0,5 avec un agrément brut à 89 %.
Ainsi, au niveau du rachis, l’entraînement des lecteurs aboutit à une meilleure reproductibilité. Il n’est donc pas souhaitable de s’en tenir à la seule lecture locale dans les études multicentriques.
 
*Hôpital Henri Mondor , Créteil
Propos recueillis par le Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr