Il y a peu d'intérêt à injecter de l'acide hyaluronique chez les patients atteints d'arthrose du genou, selon une méta-analyse qui corrobore des doutes grandissants sur l'intérêt de ce traitement destiné à diminuer la douleur.
Ce travail « ne plaide pas pour un usage généralisé de la viscosupplémentation pour traiter l'arthrose du genou », résument les auteurs de l'étude publiée dans le « British Medical Journal » (BMJ).
Déremboursement en France
En France, les injections d'acide hyaluronique sont possibles mais ne sont plus remboursées par l'Assurance-maladie depuis 2017. L'acide hyaluronique est une substance gélatineuse qui favorise une bonne lubrification - dans les articulations concernées. « Ces infiltrations n'ont aucun effet sur la structure du cartilage », est-il indiqué sur le site ameli. L'arrêt du remboursement de la viscosupplémentation en France a entraîné de vives oppositions des rhumatologues, des laboratoires producteurs, ainsi que d'associations de patients.
L'arthrose du genou est très courante. Selon un bilan de 2020, cité par les auteurs de l'étude, elle frappe plus de 500 millions de personnes dans le monde. En France, la Sécurité sociale estime que cette affection concerne près d'un tiers des personnes âgées de 65 à 75 ans.
Un effet non pertinent en clinique
L'étude du « BMJ » s'appuie sur une revue de la littérature compilant 169 essais randomisés. L'analyse principale sur le critère douleur en a retenus 24 contrôlés contre placebo, totalisant 8 997 patients.
Les auteurs admettent que la viscosupplémentation contribue à « une petite diminution de la douleur liée à l'arthrose du genou » mais l'effet est trop réduit pour considérer qu'il fait réellement une différence sur le plan clinique.
D'autant que, parallèlement, l'injection d'acide hyaluronique est associée à une fréquence plus élevée d'effets indésirables graves (admission à l'hôpital, augmentation de la durée de séjour, handicap majeur ou persistant, anomalies congénitales, événements engageant le pronostic vital or décès) par rapport au placebo, notent les auteurs.
Ces derniers, même s'ils ne peuvent exclure un éventuel intérêt de la viscosupplémentation pour des catégories spécifiques de patients, appellent donc à ne pas la considérer comme une procédure standard dans le traitement de l'arthrose du genou.
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