AINS chez l'enfant, le débat n'est pas clos

Publié le 23/10/2015
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Prescrits larga manu pendant des décennies, puis incriminés dans la survenue de complications graves, les AINS restent un sujet sensible en pédiatrie. Dans les infections ORL, « leur objectif majeur est la prise en charge de la douleur, et non celle de la fièvre ou de l'inflammation, puisqu'il n'existe aucune preuve d'un impact des AINS sur la durée d'évolution de l'infection, ni sur la prévention du passage vers une otite séro-muqueuse après une otite moyenne aiguë (OMA), rappelle le Pr Vincent Couloignier (Paris). Les AINS sont d'ailleurs prescrits à des doses antalgiques (30 mg/kg/jour) et non anti-inflammatoires (≥ 40). »

Mais on sait aussi que les infections ORL de l'enfant sont particulièrement douloureuses. Selon l'étude Gavroche la douleur est en moyenne de 6/10 dans les pharyngites et les OMA, et les solutions thérapeutiques sont très limitées depuis que tramadol et codéine ont été récusés et que l'aspirine n'est plus guère utilisée en pédiatrie. La littérature reste assez discordante mais il semble toutefois que l'ibuprofène fasse un peu mieux que le paracétamol. Ce qui plombe surtout les prescriptions actuellement, c'est le risque d'extension de l'infection chezles patients sous ibuprofène.

Le médecin dans l’expectative...

Pour le Pr Richard Nicollas (Marseille) « la littérature est, elle aussi, inconstante. Il n'existe aucune preuve d'un effet défavorable sur l'infection, mais des publications de séries ou de cas cliniques rapportant des infections sévères chez des enfants ayant reçu des AINS ont donné l'alerte. Ils favorisent les complications intra-crâniennes dans les sinusites ethmoïdo-frontales et pourraient aussi faciliter les complications des pharyngites. » Le rapport sur les AINS ne s'engage pas vraiment, laissant le médecin décider entre gestion de la douleur, respect des contre-indications et risque de complications graves...

En pratique, seules deux molécules ont l'AMM et la galénique adaptée à l'enfant, et leur prescription ne doit pas excéder 2 à 3 jours. L'ibuprofène est la molécule de référence, mais il faut prendre garde aux différents dosages des génériques, certains étant dosés à 7,5 mg/kg et d'autres à 10 mg/kg…

Le ketoprofène peut être prescrit à 0,5mg/kg ; les suppositoires d'acide niflumique restent une exception française et sont à éviter sauf vomissements incoercibles ; d’autant que les concentrations plasmatiques obtenues par voie rectale sont basses, retardées et imprévisibles.

ORL

Source : Le Généraliste: 2734