Le Généraliste. Comment vous est venue l’idée de rapprocher séropositivité et saut en parachute ?
Vincent Boujon. Au départ, un militant de l’association Aides m’a proposé un sujet : l’aveu ou non de sa séropositivité à son entourage. J’ai rencontré quelques personnes atteintes du VIH et l’idée d’un documentaire a germé. Je trouvais dans leur parcours une dimension héroïque. Comment peut-on survivre à cette annonce à un âge où on ne se pose pas vraiment de question de vie ou de mort. On est soudain confronté à un compte à rebours ; souvent, on doit le gérer seul. Afin d’éviter le documentaire traditionnel avec « questions réponses », j’ai réfléchi à un sport qui sorte les personnages de leur quotidien tout en étant cinématographique. Et je suis tombé sous le charme d’un aérodrome. En plus, dans le parachutisme, les risques sont très maitrisés. Cela recoupait le vécu d’un séropositif : le parcours dans le soin, par exemple ; la confiance que l’on donne à une personne qu’on ne connaît pas – le médecin, pour le malade ; l’instructeur pour le sportif. On confie sa vie à quelqu’un qui sait mieux que nous comment surmonter une épreuve. J’ai vu là l’occasion d’embarquer le spectateur dans un parcours initiatique, où l’on partagerait leurs craintes, leurs appréhensions - liées au saut mais aussi, métaphoriquement, à leur expérience du VIH.
« Vivant ! » dédramatise un peu le sida. Apparemment, ils sont tous en bonne santé.
V.B. Je voulais parler du sida en 2015, ce qui est totalement différent du sida des années 80, où une génération entière a dû rayer de ses carnets d’adresse une foule d’amis. Cette période, mes cinq volontaires ne l’ont pas connue. Néanmoins, la séropositivité reste un poids, ce n’est pas facile à vivre au quotidien. Certains ont retrouvé un compagnon ; ils ne sont plus en danger de mort puisque sous trithérapie (tant qu’un autre traitement efficace n’aura pas été trouvé). Mais Éric, par exemple, subit des effets secondaires à long terme. Il sera traité à vie pour un ulcère de l’estomac, suite à la prise de médicaments surdosés. Depuis, on a fait des progrès. Vincent, qui a découvert très tôt sa séropositivité n’a donc n’a pas été agressé par le virus. Il ne prend qu’un médicament par jour et bénéficie a d’un meilleur confort de vie. Aujourd’hui, les séropositifs sont surtout confrontés à questions sociales, qui sont abordées dans le film : l’exclusion, la solitude...
Les traitements permettent-ils à certains d’abandonner toute protection ?
V.B. C’est un sujet qui a longtemps fait polémique, suite à un rapport suisse, le rapport Hirschel. Il a vérifié que, dans la population hétérosexuelle, lorsqu’il y a fidélité et donc aucune autre infection sexuellement transmissible, il n’y a pas contamination par le VIH si la charge virale est devenue indétectable. On devient peu - pour ne pas dire pas du tout - contaminant. Aujourd’hui, une nouvelle étude (l’étude Partner) est en cours auprès d’un échantillon plus large de population hétéro et homosexuelle. Il prouverait également qu’il n’y a aucune contamination dans les couples séro-différents qui ne se protègent pas quand la personne sous traitement est devenue « indétectable ». En fait, la protection c’est le traitement. Je suis militant de l’association Aides et sur les séropos que je rencontre, il y en a très peu qui osent ne pas utiliser de préservatif avec un partenaire. Mais ces résultats engageants les libèrent d’un poids. Ils savent qu’ils ne sont pas un danger en cas de rupture de préservatif. Les médecins évidemment restent très prudents, car ils ont peur des séropositifs qui se mettraient à faire n’importe quoi.
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