Le TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) est une affection comorbide associée à un risque de trouble grave de consommation de substances et à l’apparition précoce de celui-ci.
Le TDAH est ainsi important à évaluer et à prendre en charge chez des patients présentant des addictions car sa fréquence y est élevée. Une méta-analyse récente (Rohner H. et al., 2023), menée à partir de 31 études, a estimé la prévalence du TDAH chez les patients présentant un trouble de l’usage de consommation de substances (TUS) à 21 %. Inversement, chez les patients présentant un TDAH, la fréquence de TUS est multipliée par trois par rapport à la population générale. Par exemple, le TDAH dans l’enfance est un facteur de risque significatif pour l’usage de cannabis ainsi que pour le trouble d’usage de cannabis à l’âge adulte : le risque est multiplié respectivement par 2,78 et 2,29 (Lee, 2011).
Le TDAH est également associé aux addictions comportementales et aux troubles des conduites alimentaires.
« La coexistence des deux troubles a des conséquences psychiatriques et sociales importantes : moins bonne qualité de vie, plus de problèmes familiaux, récidive délictuelle supérieure et plus d’agressions commises, a souligné le Dr François Jean (CH de Calais). Il est donc essentiel de bien investiguer pour bien traiter. »
Sur le pan clinique, « l’association TDAH et TUS entraîne des particularités, avec plus de symptômes de la dimension hyperactive, plus d’atteintes des fonctions exécutives (planification, organisation, mémoire de travail…), poursuit le Dr Jean. Il y a également une consommation de multiples substances, le plus souvent sous forme injectable. »
Quelles modalités de prise en charge ?
Concernant l'effet d'un traitement par méthylphénidate sur les TUS, selon la méta-analyse de Humphreys de 2013 (15 études, 2 565 participants), un traitement psychostimulant par méthylphénidate dans l’enfance ne protège ni n’augmente le risque d’usage ou de TUS liés à la consommation d’alcool, tabac, cannabis ou cocaïne. Les recherches concernant l’effet du traitement du TDAH chez l’enfant sur la prévention du TUS à l’adolescence sont ainsi peu concluantes et les études sur le diagnostic et le traitement des adolescents atteints de TDAH et de TUS comorbides sont rares. Les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour justifier des recommandations solides de traitement. Un consensus international d’experts a donc été élaboré (International Collaboration on ADHD and Substance Abuse : Consensus. Van Kernebeek M et al., 2022).
Le dépistage systématique du TDAH est recommandé auprès des adolescents vus en addictologie, et celui du TUS auprès des adolescents souffrant de TDAH vus en santé mentale. L’évaluation de la symptomatologie addictive peut être réalisée sous forme d’entretien individuel en étudiant notamment les dommages dans les différents domaines de la vie du patient, sa capacité de contrôle sur ses consommations, le syndrome de sevrage…
La prise en charge réussie nécessite le traitement des deux troubles. L’arrêt des consommations de substances est difficile en l’absence d’une prise en charge du TDAH. Il est donc essentiel de traiter le TDAH le plus tôt possible, dès l’apparition de symptômes évocateurs. La pharmacothérapie (méthylphénidate, sels d’amphétamine, atomoxétine) doit être associée à une psychothérapie (TCC) ainsi qu’une prise en charge familiale (implication des proches). Attention toutefois au risque de détournement du méthylphénidate et des sels d’amphétamine. Cet abus est limité avec les formes à libération prolongée.
D’après la communication « TDAH et addiction : quelle prévalence ? Quelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques ? »
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