Le Généraliste Comment se portent les centres de santé ?
Dr Éric May Les centres de santé se portent bien : il y en a 1 750 sur l’ensemble du territoire. Depuis 2011 et la création du centre de la Ferté-Bernard, les projets se sont multipliés car on a réussi à balayer les idées péjoratives associées aux centres ( « médecine fonctionnarisée » , gouffre financier…). Tous ont été montés à partir d’un constat : l’échec du modèle traditionnel libéral pour répondre à la désertification médicale.
Après 5 ans et ces expériences réussies, les promoteurs d’aujourd’hui examinent en amont les modèles existants, maison de santé et centre de santé, pour choisir celui qui a le plus de chances d’être attractif et offrir la bonne solution au territoire et à sa population.
Les déserts médicaux persistent cependant …
Dr E.M.Ils sont nombreux et il n’y a pas autant de projets de centre de santé que de déserts. Mais il y a un véritable mouvement de création de centres, et pas uniquement en zones urbaines : ça touche les zones péri-urbaines, les campagnes. Mais aujourd’hui encore des élus ou des institutions (les ARS, par exemple) ignorent le modèle de centre de santé. On leur explique le concept, ce qu’apporte le salariat en termes d’attractivité pour la structure. Un centre de santé se distingue par les obligations socles qui en font un instrument de service public, les soins primaires, la pratique du tiers payant, le respect des tarifs opposables. Il y a aussi le salariat qui n’est pas qu’une rémunération fixe, mensuelle, mais donne également des droits et une réponse aux aspirations de la jeune génération. Les centres de santé sont un véritable outil d’intégration et de mixité sociale. Les jeunes s’y retrouvent, ça donne du sens à la pratique médicale.
Les maisons de santé (MSP) se développent elles aussi ; sont-elles des concurrentes des centres de santé ?
Dr E.M. Dans certains territoires, ces modèles se développent en complémentarité. Car, même dans les MSP, il y a des difficultés à assurer la relève quand les médecins, qui ont porté le projet de santé, partent à la retraite. Créer un centre de santé permet, pour les maires en particulier, de garantir la pérennité de la structure et de son projet de santé, inépendamment des départs et arrivées des professionnels de santé recrutés. La concurrence, on ne peut pas ne pas l’évoquer.Je pense même qu’elle est saine : quand il faut créer une structure d’exercice pluriprofessionnelle regroupée, il y a deux modèles et, que ce soit l’un ou l’autre, il y aura des financements publics. La question se pose de savoir comment on les engage pour assurer durablement l’offre de soins sur le territoire. L’idée qu’un centre de santé est inévitablement déficitaire a longtemps fait peur aux décideurs. Or c’est faux : les centres de soins primaires qui se créent atteignent les objectifs d’équilibre qui leur sont assignés.
En quoi consiste l’unité de recherche que vous avez mise en place avec les maisons de santé ?
Dr E.M. Étant donné nos points communs, il nous a paru opportun que nos structures se regroupent pour promouvoir la recherche dans les centres et maisons de santé, créer les conditions de montage de projets, les accompagner, mettre en lien les acteurs… L’association SPPIR (Soins Primaires Pluriprofessionnels Innovation et Recherche) sera le vecteur, sur les territoires, de ces projets dont les premiers seront lancés début 2017.
Nous avons aussi créé une entité propre aux centres de santé, l’institut Jean-François Rey, pour promouvoir la recherche en soins primaires dans les centres de santé. Le premier projet devrait porter sur l’évaluation de l’efficacité des formations, leur impact sur les pratiques. Ce sont des éléments d’innovation. Mais il faut structurer la recherche pour qu’elle ne se fasse pas au détriment du soin. Ce sera d’ailleurs l’un des enjeux des futurs centres et maisons de santé universitaires.
Les candidats à la primaire de la droite défendent l’exercice libéral de la médecine ; redoutez-vous des conséquences pour les centres de santé ?
Dr E.M. Je demande à ces candidats, mais à ceux de gauche aussi, d’être attentifs à ce qui se passe sur les territoires : le modèle libéral est en échec sur beaucoup d’entre eux, malgré des dispositifs de soutien conséquents mis en place par Marisol Touraine. Il faut également écouter ce que disent les jeunes médecins. L’entreprise libérale ne les séduit plus. L’idée selon laquelle le le libéral, c’est la liberté est contredite par les faits.
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