Pendant l'épidémie de coronavirus, et en particulier en période de confinement, les patients souffrant de maladies chroniques ont été nombreux à modifier ou reporter leur suivi médical. Une étude présentée par le Dr Alexis Astruc, chef de clinique à Paris XIII, pendant le Congrès de médecine générale (CMGF), a interrogé près de 3 000 patients chroniques entre le début du confinement le 19 mars et le 1er avril 2020 afin de connaître leur comportement médical. Une enquête par pathologie a également été réalisée.
Il apparaît effectivement que quatre patients sur dix se sont moins rendus au cabinet que d'habitude du fait de l'isolement de la population. Un quart affirme avoir eu du mal à trouver un médecin disponible sur cette période et un près de la moitié (45 %) ont dû annuler ou reprogrammer une consultation ou une intervention chirurgicale prévue de longue date. L'observance des traitements de fond sur la période est cependant restée assez élevée puisque huit patients sur dix indiquent ne pas avoir changé leurs habitudes de traitement.
Moins de ruptures de soins pour le diabète et l'HTA
Si l'on observe plus précisément les comportements par pathologies, « on se rend compte que les patients souffrant de pathologies plus courantes, comme le diabète ou l'HTA, ont beaucoup moins diminué leur fréquence de consultation en comparaison avec des pathologies plus rares, comme la spondylarthrite ankylosante ou la SEP », analyse le Dr Astruc. En effet, les patients diabétiques ou les asthmatiques sont respectivement 39 % et 38 % à s'être moins rendu au cabinet pendant le confinement alors que les patients atteints de SA et de SEP étaient 44 et 46 % à s'en être éloigné.
Concernant l'observance des traitements, les malades touchés par la spondylarthrite ankylosante sont les plus nombreux à avoir totalement arrêté leur traitement sur la période (14 %), suivis par les personnes atteintes de BPCO (9 %). Là encore, les patients souffrant de diabète ou d'HTA semblent avoir moins subi les effets du confinement puisqu'ils ne sont qu'une petite partie (1,3 et 1,9 %) à avoir abandonné leurs traitements. Toutes ces pathologies ont toutefois eu en commun d'engendrer du stress et un sentiment d'isolement social pour environ 6 % des patients.
En conclusion, le Dr Alexis Astruc a insisté sur le fait que les patients souffrant de maladies chroniques « ont véritablement eu une difficulté d'accès aux soins, avec des conséquences qu'il ne faudra pas sous estimer pour la suite de leur suivi ».
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