Prévention pour un vieillissement en santé : l’affaire de tous !

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Publié le 21/11/2024
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Compte tenu du vieillissement massif de la population dans les prochaines années, la prévention pour un vieillissement en bonne santé est un enjeu majeur pour la société, qui dépasse les seuls professionnels de santé et implique une mobilisation large et précoce.

Le bien-vieillir doit s’apprendre depuis l’enfance et tout au long de la vie

Le bien-vieillir doit s’apprendre depuis l’enfance et tout au long de la vie
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Pour la Pr Armelle Gentric, la chose est entendue : le bien-vieillir doit s’apprendre depuis l’enfance, tout au long de la vie. « On vieillit du jour où l’on est conçu » rappelle la gériatre de Brest. « La promotion de la santé ne concerne pas que les professionnels de santé. Il faudrait que l’Éducation nationale participe pour que l’éducation à la santé soit enseignée très tôt à l’école. Or on voit bien qu’avec le mode de vie actuel, l’addiction aux écrans et la sédentarité des jeunes, on va à rebours de ce que l’on voudrait. »

Les pathologies des personnes âgées sont la conséquence de l’accumulation de facteurs de risque au cours du temps : être hypertendu à 30-40 ans multiplie par quatre le risque de maladie d’Alzheimer à 75 ans…

Être hypertendu à 30-40 ans multiplie par quatre le risque de maladie d’Alzheimer à 75 ans

Des messages à repenser

Un autre problème sur lequel il faut réfléchir concerne les messages de prévention en eux-mêmes. Comment les faire passer et avec quel contenu pour que les personnes ne se sentent pas contraintes ou culpabilisées ? Il faut tenir compte du contexte environnemental, socioculturel, économique… « Les messages de santé publique, lorsqu’ils sont passés de manière verticale, n’atteignent pas leur cible et ne modifient pas les comportements. Il faut faire des recherches sur leur impact réel. Comment sont-ils reçus, intégrés et implémentés dans la vie ? Quel vecteur de communication privilégier ? Nous avons besoin d’une réflexion globale avec tous les acteurs, à commencer par les usagers. »

Un exemple parlant est celui de la prévention des chutes chez les personnes âgées, qui entraînent chaque année 130 000 hospitalisations et 12 000 décès. De nombreuses feuilles de route s’y sont intéressées, depuis les recommandations HAS de 2005 à destination des généralistes (qui préconisaient un dépistage annuel à l’aide d’une question sur les antécédents de chute dans l’année et du test Get up and go) jusqu’au récent plan national antichute des personnes âgées qui avait pour but de réduire de 20 % en trois ans les chutes mortelles ou entraînant une hospitalisation. Un objectif qui n’est pas atteint. « Face à cette problématique, les plans se succèdent et dans ma pratique rien ne change… Je vois arriver à l’hôpital des personnes qui ont déjà chuté 3-4 fois avant, c’est désespérant », déplore la Pr Armelle Gentric.

Développer des formations

De même, « l’expérimentation du programme Icope pour repérer les facteurs de fragilité chez les seniors a montré les difficultés d’application dans la vraie vie des CPTS brestoises », regrette-t-elle.

La faculté de médecine et de sciences de la santé de Brest a été, dès 2017, précurseur dans ce domaine. Un département de Prévention en santé a été créé. L’objectif est de réunir et de former non seulement les professionnels de santé mais aussi tous les citoyens qui veulent s’impliquer dans la prévention et devenir acteurs de leur santé.

« Pour les professionnels de santé, le DU Prévention en santé initialement créé à Brest va se déployer en 2025 à Angers, Lille, Nantes et Rennes. Nous mettons en place également de courtes formations de prévention en santé pour le public » explique la Pr Armelle Gentric, qui multiplie les initiatives pour les étudiants en médecine en formation initiale ainsi que pour les professionnels en formation continue.

Entretien avec la Pr Armelle Gentric (CHU Brest)


Source : Le Quotidien du Médecin