Le moindre risque de cancer colorectal et de métastases après un bypass gastrique Roux-en-Y (RYGB) s’expliquerait plus par la dérivation des acides biliaires que par les changements immunitaires, la perte de poids ou la modification du microbiome.
Plusieurs méta-analyses ont déjà montré l’effet protecteur de la chirurgie bariatrique contre le cancer colorectal, notamment du bypass gastrique Roux-en-Y (RYGB), mais les mécanismes sous-jacents en sont encore mal connus. Une nouvelle étude menée sur des souris, des organoïdes et des patients, publiée dans Science Translational Medicine, met en lumière l’implication des acides biliaires dans les mécanismes de prolifération des cellules cancéreuses.
Le bypass gastrique ralentit la prolifération des métastases
La dérivation biliaire entraîne un retard de l’introduction des sucs digestifs avec une quantité d’acides biliaires dans la circulation diminuée pour les primaires (endogènes) et augmentée pour les secondaires (produits par le microbiote). La concentration circulante et gastro-intestinale des acides biliaires secondaires est multipliée par deux, quand le taux des acides biliaires primaires est réduit de 50 % en cas de chirurgie.
Les chercheurs ont montré que la diminution du taux d’acides biliaires primaires dans le sérum contribue au ralentissement du développement de métastases chez 41 patients avec un cancer colorectal métastatique. Dans leur étude, les personnes avec des concentrations sérologiques d’acides biliaires totaux et primaires plus élevées avaient un développement plus rapide de métastases hépatiques (hazard ratio HR = 3,077 et HR = 3,365 respectivement).
L’hypothèse a été confirmée in vitro lorsque l’équipe a exposé des organoïdes humains et murins de tumeurs colorectales à des acides biliaires primaires : l’expérimentation a entraîné l’activation de voies de signalisation liées à la prolifération, au renouvellement des cellules souches et aux mécanismes métastatiques.
Un effet indépendant du poids, de l’inflammation et du microbiote
Plusieurs autres mécanismes associés au RYGB sont susceptibles d’avoir des fonctions antitumorales : la dysbiose, la réponse inflammatoire et la perte de poids. Pour vérifier qu’il s’agit bien d’un effet propre aux acides biliaires, les chercheurs ont effectué plusieurs analyses.
Par rapport à des souris ayant perdu du poids avec un régime seul, des rongeurs obèses soumis à un régime hyperlipidique ont présenté une tumorogenèse et une évolution métastatique identiques. Du côté de l’inflammation, aucune altération n’a été observée sur la composition et la fonction des lymphocytes infiltrant la tumeur (TIL) chez des souris opérées et des souris obèses avec régime hyperlipidique. L’altération de l’inflammation ne semble donc pas être significativement impliquée dans les effets antitumoraux du RYGB.
Alors que la composition post-bypass du microbiome intestinal change, les chercheurs ont réalisé des transplantations fécales issues de souris opérées sur des souris obèses non opérées, sans que cela n’ait d’effet positif sur la carcinogenèse. C’est donc bien l’intervention en elle-même et la dérivation des acides biliaires associée qui réduit le risque de cancer colorectal et sa prolifération.
Ainsi, alors que la dérivation biliaire a une action anti-métastatique, cette chirurgie pourrait être une option préventive chez des patients obèses avec un cancer colorectal non métastatique. Pour les chercheurs, il serait aussi intéressant de savoir si un acide biliaire spécifique est protecteur ou si une composition particulière d’acides biliaires primaires joue un rôle, ce qui permettrait d’ouvrir la voie à des approches sans chirurgie.
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