Faut-il revoir les recommandations sur le prise de poids des femmes en situation d’obésité ? C’est ce que suggère une étude de l’Institut Karolinska publiée dans The Lancet. En cas d’obésité, définie par un indice de masse corporelle (IMC) ≥ 30, les recommandations internationales émises par l’Institute of Medicine (IOM) fixent jusqu’à présent la prise de poids minimale durant une grossesse unique à 5 kg, sans dépasser les 9 kg. Selon les chercheurs, une prise de poids minimale ne serait pas nécessaire au bon déroulement de la grossesse.
Pour rappel, chez une femme de poids normal (18,5 < IMC < 24,9), la prise de poids doit être comprise entre 11,5 et 16 kg. Les recommandations précisent que plus l’IMC est inférieur à 18,5, plus la prise de poids est encouragée pour mener la grossesse à terme dans les meilleures conditions. En effet, si la prise de poids excessive est associée à une augmentation des risques de santé, une prise de poids insuffisante expose également à des complications pour la mère et l’enfant.
Les auteurs de cette étude observationnelle ont souhaité évaluer la sécurité d’un gain de poids inférieur aux seuils de l’IOM chez des femmes obèses, ainsi que celle de la perte de poids chez les femmes obèses. Cette proposition avait déjà été faite en 2013 par le comité de pratique obstétricale de l’American College of Obstetricians and Gynecologists qui présentaient des données de littérature en faveur d’un gain de poids inférieur aux seuils recommandés chez les femmes en surpoids. Concernant les femmes obèses, malgré une littérature existante, il relevait des « résultats mitigés », appelant à davantage de données pour affiner les recommandations.
Un effet bénéfique pour les obésités de classe 3
Les auteurs ont étudié les dossiers médicaux de 15 760 femmes suédoises obèses au moment de leur grossesse, suivies sur une médiane de 7,9 ans après un accouchement entre 2008 et 2015. Parmi elles, 11 667 étaient en situation d’obésité de classe 1 (30 < IMC < 34,9), 3 160 de classe 2 (35 < IMC < 39,9) et 933 de classe 3 (IMC ≥ 40). Les auteurs ont évalué l’association entre le poids gestationnel et un critère composite de 10 complications obstétricales et périnatales : prééclampsie, diabète gestationnel, poids excessif en post-partum, naissance prématurée, pathologies cardiovasculaires maternelles, césarienne, poids élevé du fœtus à la gestation et petit poids à la naissance, mortalité prénatale et mortalité infantile.
Ainsi, les scientifiques ont recensé, parmi les différents groupes : 13,9 % de grossesses pour lesquelles la prise de poids était inférieure aux seuils dans la classe 1 ; 24,9 % dans la classe 2 ; et 33,2 % dans la classe 3. Concernant les grossesses avec une obésité de classe 1 ou 2, une prise de poids inférieure voire une perte de poids n’augmentaient pas le risque de complications (RR = 0,97 pour la classe 1, RR = 0,96 pour la classe 2). Pour les obésités de classe 3, il existait même une réduction du risque de complications.
Ainsi, les auteurs de l’étude concluent que « la prise de poids inférieure au seuil semble être sûre pour les femmes en situation d’obésité et pourrait même être bénéfique pour les obésités de classe 3 ». Pour Kari Johansson, première autrice de l’étude, ces résultats pourraient aboutir à « réexamen des recommandations nationales et internationales sur la prise de poids durant la grossesse », précisant que les obésités de classe 3 pourraient faire l’objet de recommandations séparées.
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