Quatre études réalisées entre 2010 et 2011 apportent des informations essentielles sur les évolutions, durant la dernière décennie, de populations clés les plus exposées au risque de VIH : homosexuels (EPGL : enquête presse gays et lesbiennes), populations de Martinique - Guadeloupe - Guyane (enquête KABP), usagers de drogues (enquête Coquelicot) et personnes prostituées (Prosanté). Leurs résultats viennent d’être publiés dans le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida du 1er décembre.
Homosexuels, des modes de prévention différents selon le statut sérologique
L’enquête EPLG a colligé les réponses de plus de 10 000 hommes ayant des relations avec des hommes.
Tout d’abord, on note depuis les années 2000 une diminution de l’usage du préservatif. Avec des divergences de pratiques préventives en fonction du statut sérologique.
En effet, alors qu’en 2011, 60% des séronégatifs utilisent systématiquement le préservatif, les séropositifs sont seulement 20 % à faire de même lors de rapports anaux avec des partenaires occasionnels. 50% mettent en place d’autres pratiques de réduction des risques (notamment un contrôle de l’infection par les antirétroviraux) et pour 25%, aucune pratique de réduction des risques n’a été discernée.
« Le développement des traitements reste toutefois insuffisant à ce stade pour endiguer l’épidémie (…) alors que l’usage du préservatif ne cesse de diminuer », relèvent les auteurs, qui préconisent une « prévention combinée » alliant la promotion de l’usage du préservatif, l’incitation au dépistage et l’offre de traitements.
Outre mer, le préservatif perd de la notoriété
Autre population particulièrement à risque : les Martiniquais, Guadeloupéens et Guyanais. L’enquête KABP pointe que, malgré une légère hausse de l’utilisation du préservatif dans ces départements d’outre mer (de 35% en 2004 à 39% en 2011), on remarque que la perception de son efficacité se fragilise : 69% des personnes interrogées estimaient en 2004 qu’il s’agissait d’un moyen « tout à fait" ou "plutôt efficace » pour se protéger, elles ne sont plus que 57% à le croire en 2011. Les habitants sont plus nombreux à penser que faire régulièrement un test ou en demander un à son partenaire est une bonne stratégie pour se protéger (70% en 2011 contre 63% en 2004). Il faut donc renforcer l’image du préservatif dans ces populations, concluent les auteurs.
Vih et usagers de drogue
En ce qui concerne les usagers de drogues, l’étude Coquelicot montre que 10% sont touchés par le VIH (stable par rapport à 2004) et 44 % par le VHC (en baisse par rapport à 2004). La séroprévalence du VIH augmente avec l’âge et varie selon la zone géographique : elle est nulle à Lille, atteint 2% en Seine et Marne, 3% à Strasbourg, 4% à Bordeaux, 10% à Paris, 17% à Marseille et 18% en Seine-Saint-Denis.
Prostitution, le préservatif seulement avec les clients
Quant aux personnes prostituées, l’étude menée sur un petit échantillon (251 personnes) met en avant une hétérogénéité de leur état de santé et de l’accès aux soins. 52% se considèrent dans un état de santé moyen ou mauvais, 29% ont des pensées suicidaires. Au total, 27 des 62 transgenres (44%), 3 des 23 hommes (13%) et 2 des 166 femmes (1,2%) ont déclaré être séropositifs.
Côté prévention, la quasi totalité (94%) déclarent utiliser le préservatif de façon systématique avec leurs clients, plus fréquemment les femmes que les transgenres et les hommes. Mais son usage est beaucoup moins systématique lors des rapports sexuels hors prostitution, et très peu de femmes utilisent un moyen de contraception.
Au niveau de la santé, beaucoup reste à faire. Sur le plan gynécologique, la fréquence des IVG est trois fois plus élevée qu’en population générale (61% versus 22%), et on constate un moindre recours au frottis cervico-vaginal (24% ne l’ont jamais réalisé). Suite à cette étude, des recommandations ont été formulées, notamment en ce qui concerne l’accès à différents moyens de contraception, l’utilisation du préservatif, modalités et lieux des IVG, importance du suivi gynécologique, nécessité de la vaccination contre l’hépatite B, identification de structures de dépistage gratuit et de soins.
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