Deux études publiées à quelques jours d'intervalle fournissent des éléments nouveaux sur les modes du transmission du virus Zika.
Ainsi, des scientifiques français ont montré que le virus pouvait se nicher à l’intérieur même des spermatozoïdes. Ce travail, publié dans The Lancet Infectious Diseases, a été mené à bien grâce à la collaboration entre des équipes de l’Inserm, du CNRS, de l’université Toulouse III et du CHU de Toulouse. Des recherches antérieures avaient d'ores et déjà démontré que le virus Zika pouvait persister dans le sperme jusqu’à 6 mois après infection.
En parallèle, un cas mystérieux de transmission a été signalé en juillet par les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Apparemment, un septuagénaire décédé suite à une infection à Zika lors d'un voyage pourait avoir contaminé son fils via sa sueur ou ses larmes, selon des infectiologues. Ceux-ci ont publié leur conclusion dans le New England Journal of Medicine le 28 spetembre.
Zika caché directement dans les gamètes
Dans la lettre du Lancet, les chercheurs de l'Inserm évoquent le cas d’un homme de 32 ans revenu de Guyane avec des symptômes évocateurs d’une infection à Zika. Le virus a, en effet, été détecté dans le plasma et l’urine de l’individu. Les spécialistes ont décidé de prélever des échantillons de sperme, de sang et d’urine et de les analyser pendant 141 jours. Le virus demeurait présent dans tous les échantillons jusqu’au 37e jour. Puis, passé ce délai, le virus a persisté uniquement dans le sperme où il a été retrouvé plus de 130 jours après le début des analyses. Le patient, lui, s’était parfaitement remis.
L’équipe a ensuite analysé le sperme et les spermatozoïdes via différentes techniques de microscopie. C’est là que fut la surprise : « Nous avons détecté la présence du virus Zika à l’intérieur d’environ 3,5 % des spermatozoïdes de ce patient », assure Guillaume Martin-Blondel, chercheur à l’Inserm et médecin dans le service de maladies infectieuses et tropicales du CHU de Toulouse.
D’autres virus comme le VIH restent collés à la surface des spermatozoïdes. Il est donc possible de les « laver » lors d’une fécondation in vitro. Ceci semble donc exclu dans le cas des patients positifs pour Zika. Toutefois, le virus se trouvant aussi dans le liquide séminal, il reste à déterminer le caractère « actif » du virus logé dans les spermatozoïdes ainsi que la capacité de ceux-ci à le transmettre.
Cette découverte est importante pour la prévention de la transmission sexuelle du virus et suscite des interrogations concernant la nécessité de faire des tests du Zika au moment du contrôle des dons de sperme dans les centres de fertilité.
Les chercheurs voient Zika partout
Un septuagénaire est décédé en juin aux États-Unis après avoir contracté Zika suite à un voyage au Mexique un mois auparavant. Il serait la première personne à mourir suite à l'infection dans le pays. Les tests avaient montré une forte concentration de Zika dans son sang (plus de 10 000 fois supérieurs à celles constatées chez d'autres individus porteurs du virus).
Son fils, qui lui a rendu visite à plusieurs reprises, a contracté à son tour la maladie. Or, il n'avait pas voyagé dans une zone où la transmission de Zika est active, ni, n’a eu de rapports sexuels avec une personne infectée. De même, le vecteur Aedes aegyspti n'est pas présent dans l'Utah. Donc, pour les chercheurs, la seule possibilité reste que le virus lui a été transmis par son père avec lequel il avait des contacts physiques lors de ces visites à l'hôpital. En effet, il aurait aidé plusieurs fois une infirmière à déplacer son géniteur sans porter de gants et il lui aurait aussi essuyé les yeux.
Des « niveaux infectieux de Zika pouvaient se trouver dans la sueur ou le liquide lacrymal des yeux du père que son fils a touché avec ses mains nues », déclarent les spécialistes. Les recherches se poursuivent pour savoir si un contact avec les fluides corporels provenant de malades fortement infectés par le virus Zika présente un risque accru de transmission.
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