Les hommes et femmes de l'industrie pharma sont-ils aussi des héros de la nation en participant à l'indépendance sanitaire du pays ? En tout cas, ce nouveau concept apparu au détour de la crise Covid-19 s'impose en priorité dans l'agenda politique. Et se traduit comme exercice pratique dans la course au vaccin contre la Covid-19. Il a fallu attendre seulement deux jours au président de la République pour passer de la parole aux actes. Après son adresse aux Français le 14 juin au soir appelant à cette indépendance sanitaire, Emmanuel Macron en visite sur le site de Sanofi-Pasteur à Marcy-l'Etoile, près de Lyon, a ainsi annoncé le 16 juin « une première enveloppe de 200 millions d’euros [qui] sera ainsi débloquée pour financer des infrastructures de production comme de recherche et développement pour être en état de répondre aux besoins du temps et aux crises sanitaires. Cette enveloppe va nous permettre au-delà de ce cas précis d’aller accompagner d’autres projets pour les traitements et les vaccins en particulier contre la Covid-19 et au-delà. » On est loin toutefois des milliards d'euros accordés à d'autres filières industrielles très fragilisées il est vrai par la Covid-19. Ce montant peut toutefois être comparé aux 300 millions d'euros investis par l'Allemagne dans une seule entreprise, la biotech CureVac, engagée elle aussi comme Sanofi dans la course contre la montre pour la mise au point d'un vaccin.
Le 18 juin, Olivier Véran et Agnès Pannier-Runacher ont précisé les mécanismes de cette aide lors de la réunion du Comité stratégique de filière industries et technologies de santé. 120 millions d'euros sont dédiés au développement de nouvelles capacités de fabrication dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI). En s'appuyant sur le rapport commandé à Jacque Biot et enfin publié, le gouvernement sélectionnera les projets industriels pouvant faire l'objet de relocalisations en tenant compte des différents paramètres par exemple de types environnementaux. Le paracétamol constitue le premier exercice pratique avec la relocalisation de la production de principes actifs sur le territoire national. Des négociations se sont ouvertes avec Seqens, Upsa et Sanofi. L'objectif d'ici trois ans est de "reproduire, conditionner et distribuer du paracétamol", selon le communiqué de presse du gouvernement.
78 millions d'euros enfin seront consacrés à des projets de recherche et de développement autour de la Covid-19.
Les budgets dégagés sont-ils à la hauteur des enjeux ? Et surtout comme le souligne le Leem dans un communiqué de presse, les objectifs industriels résisteront-ils aux prochains arbitrages pris lors de la prochaine construction de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2021 ?
D'autant que chaque pays tout en affichant son désir d'Europe défend dans le même temps ses champions nationaux. Derrière la volonté de participer au bien commun, se dévoile aussi une démonstration de puissance. Cette volonté traverse les continents. La Chine en a bien saisi les enjeux. Pas moins de cinq essais de vaccins contre la Covid-19 sont en cours d'expérimentation chez l'Homme. L'un d'entre eux, précise le journal Les Échos du 17 juin, devrait initier sa phase III au Brésil avec l'inclusion de 9 000 volontaires. Dans cette guerre contre le virus, tous les pays ne partent pas à armes égales dans cette mobilisation mondiale. Qui en sera le vainqueur ?
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