Lundi 18 février dernier, la conférence des doyens de médecins a publié une tribune très critique sur le site du journal Le Monde à l'adresse du gouvernement au sujet de la réforme des études de santé : manque de moyens alloués aux infrastructures et aux projets pédagogiques, insuffisance des capacités d'encadrement et des moyens logistiques [les effectifs de PU-PH sont restés stables ces quinze dernières années] et absence de logique chronologique des réformes. Pour ce dernier point, ces dernières « vont modifier le premier et le deuxième cycle des études médicales après une réforme de troisième cycle non encore aboutie et avant la concrétisation des réformes du second cycle et du bac ». Ce qui apporte des facteurs de fragilité. Et les doyens d'enfoncer le clou. Ils s'inquiètent de l'absence de définition claire de la nouvelle mouture qui remplace le numerus clausus et la première année de fac : « Il est urgent de définir sur quelles bases se fera l'admission des étudiants dans les études médicales, sachant qu'une sélectivité est indispensable pour assurer une qualité de l'exercice médical futur ». Enfin et surtout le collectif réclame une amélioration de la qualité de l'accompagnement des étudiants sur l'ensemble du territoire ainsi que dans leur vie professionnelle future. Avec une dernière flèche : « Les compétences d'un futur médecin ne peuvent dépendre de l'endroit où il aura été formé. »
Guerre des syndicats de médecins
En soutien de la Conférence des doyens, le syndicat Jeunes Médecins a carrément demandé dans un communiqué son report d'un an de la rentrée. Selon son président Emanuel Loeb, « rien n'est préparé. Rien n'est fait qui puisse permettre d'appliquer une telle réforme à la rentrée 2019 ». A l'opposé pour l'Anemf, jugé plus proche du Gouvernement et de l'avis de Jean-Paul Saint-André, le rapporteur de la mission dédiée, ce syndicat considère toujours que la rentrée de la nouvelle Paces aura bien lieu en 2019 : « Il est toujours prévu de mettre en place la réforme du deuxième cycle pour la rentrée 2019, comme cela est mentionné dans l’article 2 de la loi de santé qui est actuellement en examen à l’Assemblée Nationale. Les travaux aux niveaux national et local continuent avec comme objectif la rentrée 2019 », indique le syndicat sur son site Internet.
Quant à la ministre, Frédérique Vidal, tout va bien pour sa réforme. Aux Contrepoints de la santé du mardi 19 févier, elle envisageait éventuellement un report, mais sans le confirmer.
Portail santé
Cette première année qui passe obligatoirement par l'inscription via Parcoursup sera donc une voie d'entrée dans la filière, expliquait-elle. Appelée Portail santé, elle sera composée majoritairement d'unités d'enseignement de santé avec des unités complémentaires dans d'autres domaines comme la philo, la psycho. Ces dernières permettront en cas d'échec de poursuivre un autre parcours que dans les études de santé. A la fin de cette première année seront admissibles un certain nombre d'étudiants qui seront ensuite soumis à un examen d'admission. Seules une partie d'entre eux poursuivra des études de santé, les autres iront dans d'autres deuxièmes années. Surtout, il devra y avoir plusieurs voies d'accès aux études médicales, le portail santé étant l'une d'entre elles, insiste la ministre. Au final, sans oser avancer plus ses pions, elle se contente de mettre en avant l'esprit de rupture de sa réforme : Avec le dispositif actuel, « le résultat était de normer. Or ce qui fait une société, c'est la diversité et que chacun comprenne sa place et son rôle ».
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