Le médecin américain originaire de Baltimore aura dû attendre 57 ans – un record dans l’histoire du prix – pour être enfin honoré par le Nobel de médecine en 1966… C’est en 1909, en effet, que le biologiste avait réussi à provoquer, alors qu’il était chargé de recherche à l’institut Rockfeller, des cancers solides des tissus conjonctifs chez des poulets de la race Plymouth Rock à partir d’un filtrat acellulaire d’une tumeur aviaire, prouvant ainsi que les tumeurs cancéreuses pouvaient être transmises par des virus. Les filtrats générateurs de tumeur furent appelés « agents filtrants », « virus filtrants », « agents de Rous » ou encore « virus de Rous ». Rous envisagea pourtant la possibilité que les agents provoquant les tumeurs puissent ne pas être de nature infectieuse.
Les expérimentations de Rous firent alors long feu. Les tentatives d’inoculation de ce cancer à d’autres espèces animales s’étant soldées par des échecs, la communauté scientifique jugea ces travaux sans grand intérêt pour la recherche médicale. Meurtri, Rous se désintéressa du sujet pour se consacrer à d’autres travaux sur le foie et la vésicule biliaire avant de mettre au point une méthode de conservation du sang qui aboutira à la création des banques de sang.
Mais, en 1934, Rous reprit néanmoins de plus belle ses travaux sur l’induction du cancer, ce qui l’amena, en 1941, à étayer une théorie virale du cancer. En 1953, au Caltech, Harry Rubin réussit à cultiver in vitro le virus du sarcome de Rous.
Il faudra ensuite attendre 1963 et les travaux d’un autre futur prix Nobel de médecine (en 1975), l’Italien Renato Dulbecco sur les « découvertes concernant l’interaction entre les virus oncogéniques et le matériel génétique des cellules » pour que les travaux initiés par Rous plus de cinquante ans auparavant soient enfin reconnus. Le virus de Rous, grâce aux progrès de la biologie moléculaire, était enfin clairement identifié comme l’agent cancérigène. À partir de 1966, il est devenu un outil de recherche pour de nombreux laboratoires. C’est aussi à partir de ce virus, suite aux travaux de Temin et Baltimore (Nature du 27 juin 1970), que fut découverte la transcriptase inverse.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque