Quel est le nouveau virus détecté en Chine ? Peut-il provoquer une épidémie comparable à celle du Sras ? Ces questions agitent la communauté scientifique mondiale alors qu'au moins six patients sont morts de pneumopathies virales liées à ce nouvel agent infectieux et que des cas apparaissent dans d'autres pays d'Asie.
Un virus proche de celui du Sras
Jamais observé jusque-là, ce virus appartient à la vaste famille des coronavirus. Identifié pour le moment sous le nom de 2019-nCoV, c'est le « septième coronavirus capable de donner des manifestations cliniques chez l'humain », explique Arnaud Fontanet, responsable de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes à l'Institut Pasteur à Paris.
Ce virus est proche de celui qui avait provoqué l'épidémie de Sras de 2002-2003 et avait fait 774 morts dans le monde, selon l'OMS. Du point de vue génétique, il y a « 80 % de similarités » entre les deux virus, relève le Pr Fontanet, et tous deux entraînent des pneumopathies.
Son origine semble se trouver dans un marché de Wuhan, ville chinoise de 11 millions d'habitants. « On suppose que la source était des animaux vendus dans ce marché et qu'il y a eu passage chez l'homme », indique le Pr Fontanet.
Transmission interhumaine
La possibilité d'une transmission interhumaine est une question centrale, sur laquelle on manque encore de certitudes même si on commence à y voir plus clair. Lundi, un scientifique chinois de la Commission nationale de la santé, Zhong Nanshan, a déclaré que la transmission du virus entre personnes était « avérée ».
Reste toutefois à connaître l'intensité de cette transmission et le degré de contagiosité du virus, dont dépendra l'ampleur de l'épidémie dans les jours et les semaines à venir.
De ce point de vue là, la donne a changé ces derniers jours. Limité à une quarantaine avant le week-end, le nombre de cas connus en Chine est désormais officiellement évalué à 218 (dont 198 à Wuhan). D'autres cas ont été repérés au Japon (1), en Thaïlande (2) et en Corée du Sud (1), chez des patients qui avaient tous séjourné auparavant à Wuhan.
Des chercheurs de l'Imperial College de Londres chiffrent eux à plus de 1 700 le nombre probable de cas à Wuhan depuis le 12 janvier, en se basant sur des estimations statistiques. « Il est possible que certains malades n'aient que peu voire pas de symptômes, ce qui masquerait le nombre réel de personnes infectées et donc l'étendue de la transmission entre humains », juge le Dr Jeremy Farrar, de la fondation de recherche britannique Wellcome.
D’après les éléments communiqués par les autorités chinoises pour les cas confirmés, « les symptômes principaux sont la fièvre et des signes respiratoires de type, toux, sensation d'oppression et/ou douleur thoracique, avec parfois dyspnée », précise l'Institut Pasteur. La durée de l'incubation semble être de l'ordre de 7 jours mais pourrait aller jusqu'à 14 jours.
« La gravité semble plus faible que le Sras », ajoute le Pr Fontanet. Alors que pour le Sras le virus avait évolué après son apparition pour devenir plus transmissible et plus virulent, « on n'a pas vraiment d'argument pour dire que ce nouveau coronavirus va muter », estime le spécialiste français.
Autre élément plutôt favorable : « on a appris les leçons du Sras : on est mieux armés, plus réactifs ».
Quel risque d'épidémie ?
Dans ce contexte, l'épidémie va-t-elle s'étendre ? « Compte tenu des habitudes de voyage à travers le monde, de nouveaux cas dans d'autres pays sont probables », avertit l'OMS, à quelques jours des grands chassés-croisés du Nouvel An chinois. « Il est difficile de prédire l'ampleur de l'épidémie à ce stade, mais il est clair qu'elle s'étend. Nous sommes tous bien plus préoccupés qu'il y a quelques jours », reconnaît le Dr Mike Turner, de Wellcome.
C'est pourquoi plusieurs pays, dont les États-Unis, ont mis en place un système de surveillance aux aéroports pour filtrer les voyageurs venant de Wuhan et les isoler s'ils présentent des symptômes respiratoires.
En France, « le risque d’introduction de cas liés à cet épisode est considéré comme faible à l’heure actuelle », rassure pour sa part santé publique France dans un point de situation daté du 17 janvier, alors que le Pr Jérôme Salomon, Directeur général de la Santé devrait s'exprimer ce mardi soir sur cette question lors d'une conférence de presse.
Avec AFP
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