Les troubles du sommeil sont fréquents chez les adultes. En effet, en France, un adulte sur trois est concerné et ce phénomène augmente avec l’âge. Près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans consomme des somnifères de manière chronique, selon des chiffres de 2012 de la Haute autorité de Santé. Une équipe du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Inserm/CNRS/Université Claude-Bernard Lyon) s’est alors penchée sur les mécanismes biologiques à l’œuvre dans l’augmentation de ces troubles du sommeil liés à l’âge. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Journal of Pineal Research, le 8 janvier 2024.
La mélatonine, appelée aussi hormone du sommeil, possède une action soporifique qui aide à s'endormir. Or, sa sécrétion par le cerveau est bloquée par la lumière, via la mélanopsine (un photorécepteur présent dans la rétine et très sensible à la lumière, notamment à la lumière bleue). Les auteurs de l’étude ont donc supposé que les troubles du sommeil chez les personnes âgées étaient liés à une mauvaise perception de la lumière, provoquant ainsi une désynchronisation de leur horloge biologique.
Durant cette étude, les participants ont été divisés en deux groupes : l’un, composé de cinq personnes, à la moyenne d’âge de 25 ans, et un autre, composé de huit personnes, à la moyenne d’âge de 59 ans. Tous ont été exposés à neuf lumières de longueurs d’onde différentes durant une heure, au milieu de la nuit (lorsque l’organisme libère le plus de mélatonine). La sensibilité spectrale individuelle de la suppression de la mélatonine et la contribution des photorécepteurs ont été observées à plusieurs intervalles de temps (15, 30, 45 et 60 minutes).
Une adaptation de la rétine avec l’âge
Dans le premier groupe, avec les participants les plus jeunes, sans surprise, la mélanopsine était le seul moteur de la suppression de la mélatonine à tous les intervalles de temps, avec un pic de sensibilité à 485,3 nm (correspondant à la lumière bleue), établi seulement après 15 minutes d'exposition à la lumière. En revanche, chez les participants plus âgés, les chercheurs ont mis en évidence un modèle plus complexe combinant les fonctions de la mélanopsine ainsi que du cône S et du cône M, deux photorécepteurs impliqués dans la perception du monde en couleurs et situés dans la rétine externe. Ainsi, au cours du vieillissement, la rétine s’adapte afin de conserver une certaine sensibilité à la lumière, malgré le brunissement du cristallin de l’œil qui survient avec l’âge. Pour compenser la baisse d’implication de la mélanopsine dans la perception visuelle, la sensibilité d’autres photorécepteurs augmente avec l’âge.
Pour synchroniser leur horloge circadienne, les personnes âgées auraient besoin d’être exposées à une lumière riche en longueurs d’onde, telle que celle du soleil. Dans un communiqué, Claude Gronfier, chercheur à l’Inserm et dernier auteur de l’étude, encourage « les personnes âgées à s’exposer davantage à la lumière du jour, plutôt qu’à la lumière artificielle, afin d’éviter de développer des troubles du sommeil et d’autres altérations telles que des troubles de l’humeur ou du métabolisme… » D’autre part, ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour personnaliser la luminothérapie pour ce public spécifique.
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